Agnès Duflot est meilleure ouvrière de France. Sa discipline fait partie des plus anciennes, mais tend à disparaître : la dentelle. Dans quelques semaines, celle qui vit à Ambérieu-en-Bugey (Ain) sera à Osaka, au Japon, pour l'exposition universelle.
Agnès Duflot réside à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain, elle y pratique un art aussi désuet que minutieux : la dentelle. D'ici quelques semaines, elle va quitter ses terres aindinoises pour rejoindre Osaka.
Elle y est invitée pour représenter le savoir-faire français à l'exposition universelle.
Un savoir-faire hors pair
Attablée, son ouvrage devant elle, Agnès fait preuve d'une grande dextérité. "On travaille avec deux paires". Ses mains s'activent, elle intercale les fuseaux numérotés. "Le premier geste, dit-elle, c'est croiser. On prend le fuseau numéro deux, on le passe par-dessus le numéro trois, et le deuxième geste, c’est tourner. On prend les fuseaux deux et quatre, et on les passe par-dessus les un et trois".
Deux mouvements simples mais répétés des milliers de fois avec application.
À force de rigueur et de patience, le passement parfait apparaît. Cette tradition séculaire, Agnès en a fait son métier. "On travaille plus pour la gloire, dit-elle en souriant. Je dis toujours ça parce que mes principaux revenus ce sont les cours que je donne."
Un savoir-faire qui se perd
Elle l'admet, elle travaille son art par passion, plus que pour gagner sa vie, car la dentelle aux fuseaux n'intéresse guère l'industrie de la mode. Chronophage et peu rentable, la dentelle mécanisée a depuis longtemps raflé le marché.
De fil en aiguille, Agnès a obtenu en 2023 le titre prestigieux de meilleure ouvrière de France, MOF. "Il n'y a rien de mieux que ce titre, oui, c'est le graal", affirme-t-elle sans dissimuler sa fierté.
Cet emblème tricolore et ce savoir-faire, Agnès va les présenter au Japon. Ce pays reste friand de culture, d’art et de finesse. La dentelle faite main y est appréciée. "Il y a beaucoup d’attente de leur part sur notre venue. Je suis en relation avec une dentellière japonaise via Instagram. Elle m’a dit qu’elle avait pris des places pour venir à Osaka me voir. C’est pour moi l’occasion d’échanger avec une dentellière japonaise et parler de notre savoir-faire."
Pour Agnès, ce déplacement c'est un aboutissement, l'apothéose d'une carrière qu'elle a tissé ouvrage après ouvrage. Et pour ses proches, comme sa fille, Aurore Ribeaucourt, une source d'admiration, de fierté. "Quand ma maman est devenue MOF, j'ai appelé mes amies et je leur ai dit "ma maman est MOF", elles me demandaient "c’est quoi ?", "mais c'est quand même le titre du meilleur ouvrier de France ! ", relate Aurore avec amusement. "Maintenant, reprend Aurore, s’envoler jusqu’au Japon pour montrer l’excellence française, c’est vraiment bien."
Agnès est prête à s'envoler pour Osaka avec ses plus belles pièces.
Article rédigé d'après le reportage Anthony Laurent et Stéphanie Loeb.