Les pharmaciens sont en grève illimitée depuis le 1er juillet pour s’opposer au projet du gouvernement de baisser les remises commerciales sur les médicaments génériques. Ils dénoncent une mesure qui "signe la mort" de nombreuses officines.
Depuis le 1er juillet, nombreuses pharmacies sont en grève des gardes pour une durée illimitée. Elles s’opposent au projet du gouvernement de réduire le plafond des remises que les laboratoires pharmaceutiques peuvent leur accorder sur les médicaments génériques.
En clair, ce sont les pharmaciens qui ont pour rôle d’acheter les médicaments auprès des grossistes des laboratoires pharmaceutiques. Grâce à un décret, ils peuvent bénéficier d’une remise commerciale jusqu'à 40% sur les achats de médicaments. Le gouvernement a pour projet d'annuler ce décret pour plafonner à 30% ces remises. Pour les biosimilaires, le plafond serait fixé à 15 %.
"Cette mesure va nous asphyxier. Dans une petite pharmacie rurale comme la mienne, les médicaments représentent 90% de mon chiffre d’affaires, donc ce sera 25 000 euros de perte. À terme, cela signe la mort des petites pharmacies, car ces remises sont leur poumon économique" témoigne Maxime Périmony, à la tête la pharmacie du Pilat, à Saint-Paul-en-Jarez, dans la Loire.
"Le risque d'un désert pharmaceutique"
Le pharmacien, qui s’est installé dans son officine il y a trois ans, va être contraint de licencier pour maintenir sa pharmacie ouverte. "À court terme on est privé de notre marge, mais à long terme cela signifie le risque d'un désert pharmaceutique car les petites pharmacies indépendantes, surtout à la campagne, ne pourront pas survivre" explique ce pharmacien du Pilat.
Avec cette mesure, ces officines seront contraintes de trouver de la trésorerie ailleurs, voire d'envisager de faire payer des actes jusque-là gratuits comme la prise de tension.
"On ne fait pas des économies sur la santé. Les pharmaciens n’ont pas à devenir des commerciaux. La conséquence de tout cela, ce sont les patients qui vont le payer, il y aura une augmentation de l’inégalité d’accès aux médicaments" regrette Maxime Périmony.
"Les pharmaciens sont la variable d’ajustement"
Selon l’Union des syndicats des pharmaciens d’officines, l’UPSO, 52% des officines envisagent de fermer leurs portes dans les cinq prochaines années si la mesure est mise en place.
"La remise du générique représente 30 à 40% de nos marges, soit le prix d’un collaborateur. Des milliers d’emplois sont menacés par cette mesure" explique Lionel Aumont, coprésident de l'union des syndicats de pharmaciens d'officine dans la Drôme et pharmacien à Montélimar.
Cette mesure s’inscrit dans une dynamique de baisse du prix des remboursements des médicaments, les pharmaciens sont la variable d’ajustement des économies de la Sécurité sociale.
Lionel Aumont, coprésident de l'UPSO dans la Drôme
Pour l'UPSO, il existe des mesures d'économies plus adaptées, comme la diminution du remboursement des médicaments les plus chers. "42% des dépenses de remboursement de médicaments concernent 0,4% des médicaments" souligne Lionel Aumont.
La grève très suivie en Rhône-Alpes
Le mouvement de grève est pour le moment très suivi. En Rhône-Alpes, plus de la moitié des pharmacies ont déposé un préavis de grève selon les données transmises par l’Agence régionale de santé (ARS) auprès de notre rédaction. Ces chiffres sont toutefois indicatifs, car les pharmaciens se déclarent au fil de l’eau et de leur tour de garde.
Les préfectures, en lien avec l’ARS, ont procédé à des réquisitions pour assurer la continuité des activités.
De son côté, le gouvernement justifie la mesure par la nécessité de combler une partie du déficit de la Sécurité sociale. La mesure pourrait ainsi permettre 500 millions d'euros d’économies. L’exécutif espère ainsi inciter les laboratoires et les grossistes à réduire leurs prix et limiter le volume des ventes des génériques, ce qui permettrait ensuite de diminuer les dépenses de remboursement.
