L'alpiniste Benjamin Védrines a réalisé un nouvel exploit dans le massif du Mont-Blanc, mi-février. Après cinq jours d'ascension, il a réussi à gravir la voie Base sur la face ouest des Drus, en solo et en hivernale. Une première.
Habitué des exploits hors du commun, Benjamin Védrines a récidivé cet hiver. Mi-février, l'alpiniste de 32 ans est venu à bout de la voie Base, située sur la face ouest des Drus, dans le massif du Mont-Blanc. Un itinéraire de près de 1 000 mètres de dénivelé "ultra-technique" réalisé en solo et en hivernale. Une performance inédite.
"Je voulais faire cette ascension en solitaire. C'était pour moi la chose la plus importante. Ça fait 16 ans que j'ai débuté ma carrière et faire un grand solo, en hivernale, ça a toujours été ancré au plus profond de moi-même en tant qu'alpiniste", explique Benjamin Védrines.
Pendant cinq jours, Benjamin Védrines a dû lutter contre les intempéries et autres obstacles imprévus. "Je pensais à ce projet depuis plus de trois ans et j'ai mis trois mois à le préparer spécifiquement. Malgré tout, sur le moment, ça reste la montagne avec tous les aléas que cela incombe. Il y a eu du froid et de la neige, notamment le jour où je devais atteindre le sommet, raconte-t-il. On a l'habitude, en tant que montagnard, d'avoir ces bâtons dans les roues. Le but est de s'adapter."
"Dans cette ascension, il y a eu plusieurs moments de doute. Le premier jour, j'ai fait tomber un rocher sur ma corde et elle était vraiment abîmée à 50 mètres. Heureusement, ça m'a permis de quand même faire des longueurs de 50 mètres. Il y a énormément d'éléments imprévisibles, c'est ce qui fait le sel de la montagne", poursuit l'alpiniste.
Chercher le "renouveau"
Sur cette paroi vertigineuse, l'alpiniste a enchaîné les longueurs d'une grande difficulté. Outre les aléas climatiques et la difficulté physique de l'ascension, la performance exige aussi une grande force mentale : "Tous les sens sont en éveil. On est concentré à 100 % dans le geste que l'on est en train de faire. Mais il y a aussi d'autres moments où l'on sera plus dans la contemplation, dans l'écoute de ce qui se passe autour de nous."
Pour lui, il s'agit du "projet le plus ambitieux et le plus difficile mené qu'(il a) mené dans les Alpes". Mais pour ce voyage initiatique en solo et en hivernale, Benjamin Védrines voulait un accomplissement à la hauteur de son talent : "Si on veut du renouveau, il faut toujours viser un peu plus haut. Là, je pense avoir visé haut. J'en ai la certitude. Ce que j'ai ressenti était tout nouveau pour moi. Être seul dans une aussi grande face avec autant de grosses difficultés, je n'avais jamais expérimenté ce genre de choses. Les émotions étaient nouvelles, c'était ce que je cherchais."
Benjamin Védrines est un habitué des exploits en montagne. En 2022, l'alpiniste basé à Serre Chevalier (Hautes-Alpes) avait établi un record d'ascension sur un sommet de plus de 8 000 mètres : il était parvenu à gravir le Broad Peak (8 051m) en 7 heures et 28 minutes. Dans le massif du Mont-Blanc, il avait bouclé, en 2024, trois des voies parmi les plus emblématiques du Mont-Blanc en trois jours avec son compagnon de cordée Léo Billon.