"Une petite créature très inhabituelle" : une nouvelle espèce de reptile, vieille de 247 millions d'années, découverte par des scientifiques

Grâce à la technique d'imagerie du Synchrotron de Grenoble, une équipe scientifique a pu reconstituer l'apparence d'une espèce de reptile éteinte à partir d'un fossile. Ses caractéristiques, dont son étrange crête dorsale, viennent bouleverser notre compréhension de l'évolution des reptiles.

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Un étonnant reptile au crâne large et bombé avec un museau étroit et une drôle de crête dorsale, semblable à des plumes d'oiseau. Une équipe scientifique, dirigée par le Musée national d'histoire naturelle de Stuttgart (Allemagne), a découvert une nouvelle espèce de reptile vieille de 247 millions d'années, datant de la période du Trias.

Baptisée Mirasaura grauvogeli - "étonnant reptile de Grauvogel", en hommage au collectionneur de fossiles qui l'a découvert - cette créature appartient à la famille des reptiles mais se distingue de ses congénères par son étrange crête dorsale.

"Au début, la crête a laissé les scientifiques perplexes, mais après préparation du fossile, nous avons clairement identifié un crâne de reptile", explique dans un communiqué le paléontologue Stephan Spiekman du musée national d'histoire naturelle de Stuttgart, premier auteur de l'étude parue ce mercredi 23 juillet dans la revue Nature (en anglais).

Cette publication porte notamment sur la description de cette nouvelle espèce dont les caractéristiques viennent remettre en cause notre compréhension de l'évolution des reptiles. Sa crête, probable moyen de signalisation entre individus de la même espèce, montre que de telles structures cutanées n'étaient pas le seul apanage des oiseaux et pourraient remonter à des formes de vie anciennes.

Des images tirées d'un minuscule fossile

Pour analyser l'un des fossiles et ainsi reconstituer l'apparence de l'animal, l'équipe de chercheurs a fait appel au Synchrotron européen de Grenoble (ESRF). Grâce à sa technique d'imagerie par rayons X unique au monde pour la paléontologie - la ligne BM18 -, il a été possible de visualiser le crâne de Mirasaura.

"Le fossile lui-même était extrêmement petit et fragile [quelques centimètres de longueur pour 0,5 millimètre de largeur, NDLR], enchâssé dans un morceau de roche beaucoup plus grand, ce qui rendait particulièrement difficile la capture de ses détails fins", raconte à France 3 Alpes Kathleen Dollman, scientifique à l'ESRF et co-auteure de l'étude.

L'un des fossiles qui ont permis de reconstituer l'apparence de Mirasaura grauvogeli. © ESRF

"Il a fallu beaucoup de soin, d'expertise et de temps pour réussir à l'imager et obtenir les résultats de haute qualité que nous avons observés", ajoute Mme Collman qui a travaillé sur l'imagerie du fossile afin de révéler son anatomie.

À travers les données collectées par cette technique d'imagerie, les scientifiques ont estimé que le museau du reptile était probablement utilisé pour extraire des insectes des trous étroits des arbres.

"Ce qui m'a frappé dans ce fossile, c'est que, bien qu'il s'agisse clairement d'un reptile, son crâne présentait plusieurs caractéristiques qui me faisaient penser à un oiseau, comme des yeux orientés vers l'avant et un crâne bombé", se rappelle Kathleen Dollman.

Des appendices qui posent question

"Lorsque l'on ajoute à cela la crête en forme de plume, il est devenu évident que nous étions en présence d'une petite créature très inhabituelle, poursuit-elle, susceptible d'apporter un nouvel éclairage sur l'évolution et la diversité écologique des reptiles fossiles d'une manière que nous n'avions pas encore pleinement appréciée auparavant."

Entre poils et plumes - dont les excroissances cutanées sont longues et complexes -, la crête du Mirasaura est formée d’appendices individuels originaux, mais qui auraient évolué de manière largement indépendante de ceux des oiseaux.

"Le fait d‘avoir découvert des appendices cutanés aussi complexes chez un groupe de reptiles aussi ancien jette un nouvel éclairage sur leur évolution", relève encore Stephan Spiekman.

Les découvertes successives ont révélé, au fil des années, que de nombreux dinosaures présentaient des caractéristiques communes avec les oiseaux. La mise au jour de dinosaures non-aviens à plumes a ainsi contribué à brouiller la frontière entre les reptiles à sang froid et les oiseaux à plumes à sang chaud.

"Mirasaura grauvogeli nous révèle à quel point l’évolution peut se montrer surprenante. Mirasaura a développé une alternative aux plumes très tôt dans l'histoire de la Terre, bien avant les dinosaures, ce à quoi nous ne nous attendions pas et qui stimulera à n’en pas douter la discussion et la recherche", conclut Rainer Schoch, responsable du département de paléontologie du musée national d’histoire naturelle de Stuttgart.

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