La montagne gronde sur les hauteurs du hameau du Champ du Comte, en Savoie. Face à un risque d’éboulement de près de 5000 m3 de roches, plusieurs habitants ont dû être relogés. Mais l’inquiétude demeure pour les riverains, dont les logements sont situés en contrebas de la falaise.
Depuis quarante ans, Dominique Thibault voit défiler les caprices de la nature devant ses fenêtres. Dans cette basse vallée de la Tarentaise, cette habitante de La Léchère a été témoin d’inondations, de chutes de blocs. Et peut-être bientôt d’un glissement de terrain.
"Il y a des immeubles en face, avec des familles qui habitent là. Il y a aussi les cars de ramassage scolaire. C’est nos petits qui passent par-là, c’est inquiétant. Et puis surtout il y a les piles du viaduc (les pieds du pont, NDLR)", s'inquiète-t-elle en observant la falaise qui surplombe son appartement.
Fin 2024, lors d’un contrôle du pan de la montagne situé au-dessus du hameau du Champ du Comte, sur la commune de la Léchère, les géologues se sont aperçus que la zone avait bougé. L’éboulement potentiel serait de 5000 m3 de roches, impactant l’ensemble du versant jusqu’à Notre-Dame-de-Briançon.
"Moi j’habite en dessous du viaduc. Ça peut être vachement dangereux. Sachant qu’il n’y a que la route entre la montagne et mon immeuble… C’est inquiétant. J’espère qu’on ne craint pas grand-chose", souffle une habitante de la commune savoyarde.
Si le scénario catastrophe devenait réalité, ce ne sont pas seulement la route communale et la départementale qui pourraient être touchées, mais aussi la RN 90, très empruntée par les skieurs l’hiver, et déjà victime d'un important éboulement en février dernier.
"Selon les experts, cette masse rocheuse est instable, mais il n’y a pas d’éboulement prévu à moyen terme, rassure Dominique Colliard, maire de La Léchère. Du fait de la typologique du terrain, le choix a été fait de mettre des barrières de protection en aval du hameau du Champ du Comte".
"Nos concitoyens peuvent dormir tranquilles"
Sur les quatre habitations que compose le hameau, seules deux étaient habitées. Les occupants ont d’ores et déjà été relogés. Les propriétaires des habitations seront dédommagés au titre du fonds Barnier, qui finance les indemnités d’expropriation de biens exposés à un risque naturel majeur.
Pour protéger les habitations et infrastructures routières en contrebas du hameau, "un merlon ou des filets pare-blocs seront installés," poursuit l’édile. Les travaux de sécurisation devraient débuter en 2026.
"À ce jour, nos concitoyens peuvent dormir tranquille", conclut Dominique Colliard, ajoutant que des capteurs mesurent en temps réel, la zone instable de la montagne.