Saviez-vous que vous partagez peut-être un plat avec les Romains du IIᵉ siècle ? Leur minutale de la mer, ragoût de poisson et poireaux, était un mets de fête. Les riches se régalaient de garum et de poivre rare, tandis que les soldats survivaient à la bouillie de grains.
Pour sa 5e édition du Cesadorum, l'Abbaye de Marmoutier propose des camps pour mieux comprendre le quotidien des habitants de l'époque. Il se pourrait bien que, sans le savoir, vous mangiez parfois le même plat qu’un Romain du IIᵉ siècle. Parmi les mets appréciés des plus fortunés à Rome figurait le minutale de la mer, un ragoût de poisson relevé d’une fondue de poireaux. Un plat de fête accompagné d’une sauce dont les recettes ont traversé le temps. Aujourd’hui, certains passionnés comme l’upus Franciscus tentent de le reconstituer au plus près de la réalité historique, en suivant les traces laissées dans les écrits et traditions culinaires.
Sur les tables bourgeoises, le raffinement se mesurait aux épices. Le poivre, rare et extrêmement cher, était un marqueur social. Mais l’assaisonnement phare restait le garum, un condiment à base de poissons macérés dans du sel. Une fois le jus extrait, il servait à relever les plats, à la fois comme exhausteur de goût et substitut au sel. Cette sauce fermentée, omniprésente dans la cuisine romaine, rappelle par certains aspects nos sauces modernes, tout en étant bien plus intense.
Des repas bien plus frugaux pour les soldats
Les militaires romains, eux, ne connaissaient pas ces festins. Leur quotidien se résumait à une alimentation simple et collective. Chaque soir, les soldats mettaient en commun leur ration d’un kilo de grains par jour. Deux d’entre eux se chargeaient de moudre le grain sur une meule partagée, afin de préparer une bouillie nourrissante ou de quoi fabriquer biscuits et pains pour le lendemain. Une cuisine de survie, énergique mais austère, loin des tables garnies des élites.
Le souci d’hygiène, déjà présent
L’époque romaine ne se résumait pas qu’à la gastronomie : on s’y préoccupait aussi de l’hygiène dentaire. Le mot dentifrice vient d’ailleurs directement du latin dentis (dent) et fricare (frotter). Les recettes antiques prévoyaient des bases d’argile, des racines parfumées, des épices comme la cannelle ou la gentiane, et des poudres abrasives issues, par exemple, de coquilles d’œufs pilées. L'ajout d'urine visait même à blanchir les dents. Une pratique à ne pas reproduire aujourd’hui, mais qui témoigne de l’ingéniosité des Romains dans leur quête de bien-être.
Si les recettes de dentifrice romain ne sont restées qu’une curiosité, la gastronomie antique, elle, a laissé des traces durables. De nombreuses recettes, sauces et associations de saveurs trouvent encore écho dans nos cuisines actuelles. De la fondue de poireaux aux ragoûts de poisson, certains plats que l’on croit modernes s’inscrivent en réalité dans une très longue tradition, héritée de Rome et transmise, siècle après siècle, jusqu’à nos assiettes.