Cette entreprise a conçu une IA pour corriger les copies : "nous avons enregistré un fort taux d'inscription lié aux corrections du bac"

Dimitri Nicolas, un ingénieur formé à l'Université de technologie de Troyes a lancé depuis un an avec son associé, la start-up Examino, spécialisée dans la correction de copies grâce à l’IA.  L’essor de l’entreprise témoigne d’un bouleversement des méthodes du monde éducatif. À l'heure des corrections, son utilisation est en pleine croissance.

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Et si vos copies d'examen étaient corrigées par une Intelligence Artificielle (IA) ? C'est déjà le cas, puisque certains professeurs utilisent l'application Examino grâce à l’IA, pour corriger les copies. Co-fondée par Dimitri Nicolas, un ingénieur de 26 ans formé à l'Université de technologie de Troyes (Aube), la start-up française a séduit une partie des enseignants.  

Concrètement, "les enseignants importent les copies de leurs élèves sur la plateforme. Notre IA analyse ensuite en profondeur chaque copie. Le système attribue automatiquement une note basée sur des critères prédéfinis. Enfin, Examino génère une appréciation détaillée pour chaque élève", expliquent les concepteurs.

Le projet naît avant tout de la rencontre de Dimitri Nicolas et de son futur associé, Dorian Colin, sur Internet : "J’ai rencontré Dorian, sur Twitter, à 14 ans, et lui avait 16 ans. On s'est intéressé tous les deux très tôt à l'informatique” se rappelle l’entrepreneur, ajoutant que cette collaboration "s’est faite ainsi bien avant ses études d’ingénieur”. 

Un marché de l'IA en plein essor

Il décide finalement de lancer l’application Examino en 2024, un logiciel pour corriger des copies grâce à l’IA, en parallèle de leur agence de webmarketing, créée il y a sept ans. “On accompagnait déjà des entreprises de la tech et une partie de l’entourage de Dorian travaillait dans l'éducation, donc l’idée est venue naturellement de développer ce projet d’IA lié à l'enseignement” détaille Dimitri Nicolas. 

Selon l’entreprise, le logiciel applique les barèmes de façon systématique pour corriger les copies, et permet d’éviter l'influence de la fatigue. "Elle élimine aussi certains biais de correction du professeur comme le jugement basé sur la réputation de l’élève“, indique Dimitri Nicolas, le co-fondateur de la plateforme.  

L'entreprise française arrive alors dans un marché de l’IA, en plein essor, notamment avec la démocratisation de l’IA générative depuis trois ans. La start-up note ainsi une croissance de +70% des inscriptions entre mai et juin : “Nous avons enregistré un fort taux d'inscription lié aux corrections du bac, ces dernières semaines” explique Dimitri Nicolas. Ce succès commercial n’était a priori pas évident pour les fondateurs.

“On craignait avec Dorian, que les enseignants seraient réticents à utiliser l'IA. On s'est rendu compte, que c'était tout l'inverse. “

Dimitri Nicolas, co-fondateur d'Examino

 "Un gain de temps" pour les professeurs

Selon l’entreprise, près de 10 000 copies sont corrigées chaque semaine par l'application.  Guillaume Pernin, professeur de français fait partie de ces utilisateurs. “Je l'utilise surtout pour les devoirs d’écriture. C’est un gain de temps”. En indiquant  son barème sur la plateforme, le logiciel corrige les copies en fonction de ses consignes. Il vérifie à la fin du processus, que les corrections correspondent bien à sa grille d'évaluation. 

Le logiciel ne met que trente secondes pour évaluer une copie.  “Pour un paquet de trente copies, ça me demande en général cinq heures de corrections. Je gagne une heure de correction mais surtout de la tranquillité d’esprit”, témoigne cet enseignant en collège. 

Le logiciel permet aussi de synthétiser les corrections et d'effectuer un retour personnalisé sur la copie de l’élève. Un atout non négligeable pour le professeur : “En général, je n'ai pas le temps de faire des bilans personnalisés pour chaque élève”.  Le logiciel réprésente néanmoins un coût pour les professeurs (de 6 à 15 euros par mois environ en fonction du forfait). 

Capture d'écran de l'application Examino © Examino (Youtube)

Des données personnelles utilisées par le logiciel

“Ça peut aider les professeurs sur des évaluations basiques comme un QCM (questionnaire à choix multiples) afin de vérifier si le texte a été lu. Ça peut être une assistance ponctuelle” s'accorde Bruno Henry, secrétaire académique du SNES FSU en Lorraine, principal syndicat du second degré. 

Le traitement des données personnelles par l’IA inquiète néanmoins ce professeur : “Les données des élèves sont utilisées par ces IA pour entraîner leur algorithme. On soumet la copie sans leur autorisation et je considère que ça pose des problèmes éthiques. ” 

Les données des copies sont effectivement traitées pour le fonctionnement de l'application. Cependant les mentions légales présentes sur leur site indique qu' "Examino ne commercialise pas vos données personnelles qui sont donc uniquement utilisées par nécessité ou à des fins statistiques et d'analyses".

Les logiciels français comme Examino sont, par ailleurs soumis au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Cette loi européenne n'interdit pas la revente de données personnelles mais elle impose la mise en place de mesures techniques pour protéger les données de ses utilisateurs. L'entreprise doit également informer ses usagers de toute revente de leurs données personnelles, selon le règlement.

Qu’en dit le ministère de l'éducation ?  

Juridiquement, il existe encore un flou autour de ces outils de correction lié à l’IA. C'est pourquoi le ministère de l’Education nationale a publié en juin 2025, un document sur le cadre de l'usage de l’intelligence artificielle en éducation. Le document évoque la nécessité de garantir la “plus-value pédagogique" ; “la protection des données”, “la transparence” et le maintien du rôle critique d'enseignant face à l’IA. L’enseignant peut utiliser l’IA, mais il doit rester “un outil au service de l’enseignement” et ne se substitue pas à la correction finale de l'enseignant, selon le texte.  

Avec la démocratisation de l’accès à la correction, les logiciels de correction comme Examino semblent prendre de plus en place dans l’enseignement. À Lyon, une expérimentation a déjà été lancée cette année pour expérimenter l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la correction des copies.  

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