Cette professeur française fait partie des meilleurs profs du monde, "je suis boostée pour les 20 prochaines années"

Céline Haller, enseignante en CM1 à l'école Rosa Parks de Strasbourg, a participé à la finale du Global Teacher Prize à Dubaï. Un concours international qui récompense les méthodes d'enseignement innovantes dont elle revient enchantée.

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"Je crois que je n'ai pas vraiment atterri" sourit Céline Haller sur le chemin de l'école. Dix jours après son retour de Dubaï, cette professeure de CM1 à l'école Rosa Parks de Strasbourg (Bas-Rhin) reprend le travail "boostée pour les vingt prochaines années".

L'enseignante faisait partie des dix finalistes du Global Teacher Prize, un concours international récompensé par un prix d'un million de dollars remis par la Varkey Foundation, et soutenu par l'Unesco. "C'était comme la cérémonie des César !" s'enthousiasme Céline. "Ce qui était le plus fou, c’est à quel point ils voulaient valoriser les enseignants, on te dit que ça compte, ça fait du bien."

Céline a été sélectionnée (parmi 5000 candidats issus de 89 pays) pour son projet de petit déjeuner, qu'elle a lancé il y a dix ans. Après avoir remarqué que certains de ses élèves arrivaient en cours le ventre vide, elle s'est mise à organiser des petits déjeuners en cours. Histoire de prendre des forces pour démarrer la journée, mais aussi pour en partager un moment de vie. 

Le Global Teacher Prize valorise l'enseignement de chacun. © Céline Haller, document remis

Ce projet de petit déjeuner s'est aujourd'hui étendu à l'ensemble de l'école. Et il s'invite aussi dans toutes les matières : il est prétexte à faire des maths en calculant le coût du repas par enfant, à réviser quelques notions scientifiques en rappelant dans quelle famille alimentaire se range tel ou tel produit. 

Je n'avais presque pas envie de dormir de peur de rater des trucs

Céline Haller

Finaliste du Global Teacher Prize

Partager ses projets, s'enrichir de ceux des autres, voilà sûrement la plus grande richesse que Céline rapporte de son passage à Dubaï. "C’était ultra-positif, très nourrissant, je n'avais presque pas envie de dormir de peur de rater des trucs" raconte l'enseignante. Autour d'elle, les autres professeurs finalistes venaient des quatre coins du monde : Argentine, Inde, Malawi, États-Unis, Colombie, Nouvelle-Zélande, Australie, Indonésie.

"De rencontrer des gens qui font ça en vrai, c’était extrêmement inspirant. On a beaucoup échangé sur le fonctionnement de nos institutions, de la façon dont on gère chacun sa classe, avec nos projets et surtout la réflexion pédagogique qu’il y a derrière" poursuit l'enseignante. Car Céline Haller a une manière très personnelle d'enseigner.

Pour s'en rendre compte, il faut se glisser parmi les enfants quand ils rentrent en classe. De retour de la pause de midi, ils terminent leurs discussions, sans que le niveau sonore soit pour autant désagréable. Céline tape dans ses mains : "Un, deux. Un, deux, trois."  Les enfants font silence et répondent en chœur, eux aussi avec leurs mains : "Un, deux. Un, deux, trois." Pas d'injonction de la maîtresse à crier "Silence !" (un comble). Pas de stress. Chacun connaît les règles et sait ce qu'il a à faire.

"Merci" réagit la maîtresse. "On va faire une petite activité de mathématique que tu connais bien" enchaîne-t-elle. Ce "Tu" ne s'adresse pas un enfant en particulier, mais à l'ensemble de la classe. Ou plutôt à chacun de ses membres. Ainsi, Céline s'adresse à la fois collectivement, mais aussi individuellement à tous les élèves. Chacun se sent concerné et impliqué par la proposition de Céline.

Responsabiliser pour leur permettre de s'accomplir

 "Je considère l’enfant comme un être à part entière, c’est pas juste mon élève ni quelqu'un à qui je vais transmettre un savoir. Ce n'est pas parce que ce sont des enfants qu’ils ne faut pas les considérer, assis sur une chaise à nous écouter toute la journée. Ça ne fonctionne plus ça en fait" développe la maîtresse.

"L'important, c'est surtout de leur laisser une place. On a beaucoup parlé de curiosité, de laisser de la liberté. Bien sûr, le cadre et la discipline sont importants. Mais laisser la parole à l’enfant, le laisser développer ses projets, l’écouter, avoir une vraie discussion avec lui, franche, c'est important. Je leur fais confiance, je leur laisse des responsabilités, de l'autonomie. Et quand on se sent responsable, on n’a pas envie de tout casser, de répondre. On sent qu’on peut s’accomplir."

Céline n'a pas mis en place ses méthodes d'être et d'enseigner dès ses premiers pas dans l'Éducation nationale. C'est au fil des années qu'elle a développé ces "compétences psychosociales". "Au début, j'avais peur que ça empiète sur mon autorité. On pense que si on est trop calme ou bienveillante, on ne va pas tenir la classe, alors que c’est l’inverse. Plus t’es apaisé, plus t’es sûr de toi. Et ça, les élèves le sentent aussi. Or ça emmène mes élèves super loin. Ils me suivent jusqu’au bout."

Déjà la meilleure maîtresse

Céline est épanouie dans sa classe et dans son rôle : "Je suis bien là, je vais continuer à avancer, à réfléchir". Une confiance dont les élèves ont conscience et qui crée un attachement réciproque. "Moi je dis que c'est la meilleure maîtresse, je dis qu'il faut que tout le monde devrait l'avoir" affirme Mohamed. "Elle est gentille, elle est souriante, elle fait toujours des blagues et elle nous fait rire" Besma. "

"Moi, je trouve qu'elle est super. Elle nous fait des blagues, et plus on rigole, plus on apprend des choses." confirme Jannah. "Par exemple, les leçons, elle les fait avec gentillesse. Elle les explique correctement, c'est pour ça qu'on apprend correctement les leçons" assure Marwa. À la question "Comment tu la trouves ?" Marwa n'hésite pas une seule seconde : "Exceptionnelle !

L'expérience de Céline Haller ne va pas bouleverser ses méthodes d'enseignement. Mais elle va en tirer le meilleur et prolonger les effets "J’ai gardé contact avec beaucoup de mes collègues finalistes, il va y avoir des projets avec d’autres écoles à travers le monde et des échanges, ça, c'est sûr." Ce sont ses élèves actuels de CM1, ces veinards, qui vont en bénéficier, car elle les suit en CM2. Ensuite, ils pourront entrer au collège, chez les grands, avec confiance et autonomie. 

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