Gladys Béthancourt s’est lancé le défi de rallier Paris à Brest pour la cause animale. Vegan, elle traverse plusieurs départements à la rencontre d’éleveurs pour permettre aux deux mondes de se rencontrer et pourquoi pas même, convaincre ces agriculteurs de sortir de la filière élevage.
Plus de 600 km en trois semaines avec une roulotte miniature à bout de bras, c’est le défi que s’est lancé Gladys Béthancourt. "Avant, j’avais une image un peu négative du véganisme et je me suis dit : pourquoi pas faire évoluer cette image négative et montrer qu’on peut être ouvert à la discussion ?", explique-t-elle.
Courir 600 km en mangeant 100% végétal
Tous les jours pendant environ cinq heures, Gladys court pour la cause animale avec pour seul carburant de l’eau et une nourriture 100% végétale puisque la trentenaire s’est récemment convertie au véganisme et rejette donc tout produit d’origine animale.
Pour tenir la distance, elle démarre sa journée avec du pain, du beurre de cacahuètes et une banane, puis suivent deux repas dans la journée à base de pâtes, pain, houmous ou crudités, des protéines de soja déshydratées et de la compote. Seule la vitamine B12 vient en complément : indispensable pour rester en bonne santé, elle est présente naturellement dans la nourriture animale uniquement. Lors de son périple, Gladys dort dehors ou chez l'habitant et propose de partager des recettes vegan à ceux qui le souhaitent.
Rencontre pacifique entre l’élevage et le véganisme
Difficile de persuader les éleveurs de la rencontrer, méfiants à l’idée d’accueillir des militants sur leur ferme, Gladys a tout de même réussi à faire la connaissance d'Anthony Chapon, agriculteur et surtout, éleveur de vaches laitières en Eure-et-Loir à Boissy-lès-Perche, non loin de Verneuil d’Avre et d’Iton. "Ce qu’on peut voir parfois à la télé est assez opposant mais là, c’est vraiment quelque chose de constructif", reconnaît l’agriculteur.
"Les animaux finissent toujours par être tués ?", s’inquiète Gladys. "Tous les animaux qui sortent de l’exploitation ont une destinée boucherie, répond Anthony, on pourrait ne pas les mettre en boucherie mais à ce moment-là ils seraient perdus, ce serait quand même dommage", observe-t-il.
Gladys Béthancourt s’est documentée, notamment en lisant "Le sens du bétail" du journaliste Ulysse Thevenon qui a mené l’enquête au cœur de l’industrie de l’élevage français et rencontré une centaine d’éleveurs, et elle continue de le faire sur le terrain, en s’inquiétant surtout du bien-être animal. "Il y a des pratiques qui sont plus douloureuses que d’autres et quand Anthony nous dit qu’ils endorment les veaux pour les écorner, c’est quand même une petite avancée", se résout-elle.
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Parler reconversion pourquoi pas, l’envisager non
Plus une rencontre qu’une confrontation, la militante tente quand même de planter la graine de la sortie de la filière élevage, accompagnée par l’association Co&xister. "Je n’ai ni l’espoir ni l’ambition qu’un éleveur me rencontre et me dise "je vais me reconvertir" après cinq minutes de discussion", reconnaît Gladys, lucide, "je veux aussi comprendre leur façon de vivre, leurs impératifs, leurs problématiques donc l’idée c’est d’avancer ensemble mais évidemment à terme, moi j’aimerais bien qu’il n’y ait plus d’exploitation animale même si j’ai peu d’espoir de vivre ça", se désole-t-elle.
Fils d’agriculteurs, Anthony Chapon est loin d’envisager de quitter la filière élevage mais apprécie l’échange. "Je ne pense pas qu’il y ait un seul point de vue, je comprends ses problématiques et je pense qu’elle comprend aussi nos façons de faire et nos méthodes, analyse l’éleveur de bovins qui vit aussi sur l’exploitation, c’est un métier passion, j’ai des copains qui sont exploitants, peut-être que mes enfants le seront aussi, ce n’est pas quelque chose que je pourrais balayer du jour au lendemain, ce serait physiquement et mentalement trop dur de laisser ça derrière moi", conclut le jeune agriculteur.
À mi-chemin, Gladys Béthancourt a déjà couru plus de 300 km et rencontré deux éleveurs. Son parcours est accessible en temps réel en ligne. Arrivée prévue à Brest le 15 septembre, le jour de son anniversaire. En route, elle espère convaincre des éleveurs porcins de lui ouvrir leurs portes, maintenues fermées jusqu’à présent.