Près d’une vingtaine de nations et plus de 80 athlètes se sont retrouvés au Haras du Pin (Orne) pour les mondiaux d’attelage de poneys, du jeudi 18 au dimanche 21 septembre 2025. Parmi les meneurs, une équipe pas comme les autres : Eve Cadi-Verna et ses deux filles.
De mère en fille, l'équitation se pratique au plus haut niveau dans la famille Verna. Pour la première fois, Eve Cadi-Verna dispute les championnats du monde d'attelage de poneys aux côtés de ses deux filles. La belle histoire se déroule au Pôle international des sports équestres (PISE), dans l'enceinte du haras national du Pin (Orne), ce dimanche 21 septembre 2025.
Marie participe à la compétition avec son propre attelage tandis que Valentine occcupe la fonction de groom sur les deux attelages, c'est-à-dire qu'elle s'occupe des soins et de l'assistance aux poneys.
"Ça fait deux ans qu'on se prépare pour essayer d'arriver à cet objectif là. Là, on a réussi à venir à deux de la même famille, c'est un engouement, c'est une fête, c'est vraiment super", s'enthousiasme Valentine Verna. Les deux femmes se sont mesurées à pas moins de 87 autres athlètes internationaux —dont 10 français et françaises—, depuis jeudi 18 septembre, début de la compétition.
Presque une vingtaine de nationalités différentes étaient inscrites sur le championnat : principalement des pays européens, mais certains athlètes et leurs montures ont fait le voyage depuis l'Australie, les États-Unis et le Canada. Ils et elles concourrent dans plusieurs catégories : avec un, deux ou quatre poneys.
Coach et maman
Pour la maman, ex numéro une mondiale et multiple championne de France, il y a évidemment une immense fierté de voir ses enfants suivre son sillage, avec la même passion et le même talent.
C'est une émulation, mais c'est aussi un combat parce que ce n'est pas toujours évident d'être ensemble.
Eve Cadi-VernaChampionne du monde et quintuple championne de France d'attelage
"À la maison on se voit en fait tous les jours parce qu'on travaille ensemble quotidiennement, je suis leur coach, raconte Eve Cadi-Verna. Il faut aussi être maman, mais tout le monde fait la part des choses depuis toutes petites et c'est un grand bonheur pour des parents".
Vendredi 19 septembre, Eve s'élance pour l'épreuve du dressage sur son attelage à deux poneys blancs, sous l'oeil attentif de sa fille Marie, déjà passée la veille. C'est un moment délicat car Hibiscus et Marco, les jeunes montures, n'ont pas une grande expérience.
Le dressage est la première épreuve d'une compétition d'attelage. Elle consiste à réaliser des figures imposées à différentes allures notées par des juges. Le marathon est la deuxième épreuve, durant lequel les attelages passent par huit obstacles fixes installés dans le parc du Hautbois : des portes numérotées à franchir en un temps minimum.
Enfin, il faut passer l'épreuve finale de maniabilité consistant en un parcours de portes numérotées sur le sable et immbolisées par des plots surmontés d'une balle. Les attelages doivent franchir toutes les portes dans le meilleur temps sans la faire tomber sous peine de pénalité.
Le classement final est l'addition de l'ensemble des pénalités. Trois podiums individuels devaient ainsi être célébrés dimanche. En revanche il n'y a qu'un podium par équipe, particularité de la discipline.
"Il faut beaucoup de souplesse et d'harmonie"
Quelles compétences et qualités requiert ce sport insolite ? "De la rigueur, entre nous et les poneys. Il faut rester zen, il faut vraiment garder tout son calme et puis beaucoup de souplesse, d'harmonie", répond Marie Verna.
Et puis surtout, l'amour de la discipline ! Car les meneurs et meneuses sont très peu professionnalisés. "Ils ont quasi systématiquement une activité à côté qui permet de financer leur passion", dévoile Xavier Boudon, l'attaché de presse du concours.
Et la passion a un coût élevé. Les poneys déjà, qui sont sélectionnés et entraînés pour ces compétitions de haut niveau, ne coûtent pas beaucoup moins cher que leurs congénères de grande taille. "Et puis les attelages très techniques valent aussi un peu d'argent, ironise Xavier Boudon, les meneurs les plus riches en ont trois, un pour chaque discipline".
Après le passage de la maman sur l'épreuve de dressage vendredi et quelques minutes de concentration, toute la famille est soulagée. Eve et son attelage ont réussi une belle performance sur cette épreuve redoutée.
"Ils ont donné leur maximum. Certes, ils n'ont pas des allures exceptionnelles parce que ça reste des petits poneys mais ils ont toujours été ensemble, ils ont vraiment été à l'écoute tout le temps, se réjouit Eve Cadi-Verna après son passage. Les arrêts : parfaits, le reculé : nickel. Ils ont fait au mieux qu'ils pouvaient faire."
À l'image de la famille Verna, beaucoup d'athlètes participent à la compétition en famille. Ajoutez à cela les Journées européennes du patrimoine qui attirent un public de joyeux néophites au Haras du Pin, monument classé et ouvert aux visites ce week-end, et l'ambiance s'en ressent sur le circuit. Finalement, le championnat du monde d'attelage de poneys n'a rien à envier aux plus grands.