Témoignage. Bouilleur ambulant, profession en voie de disparition

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"Alambic", un film de Matthieu Simon
Un film de Matthieu Simon ©Une coproduction Tell Me Films, Pays des Miroirs et France Télévisions
Article rédigé par les services programmes.

Vincent Dick et son père André parcourent les routes du pays de Bray et le plateau du Vexin avec leur alambic. De village en village, ils distillent le cidre en eau-de-vie : ils sont bouilleurs ambulants. Une activité ancestrale aujourd'hui en voie de disparition.

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C'est triste de voir que tout ça se perd. C'est des valeurs, de génération en génération. Là, vous avez un fils, mais s'il n'y a personne qui reprend ça, c'est dommage.

Extrait du documentaire "Alambic"

Un film de Matthieu Simon

Et pourtant, Vincent Dick n'était pas parti pour reprendre l'alambic familial. Il a fait des études de management culturel à l'université de Rouen, et aurait pu envisager un autre avenir professionnel. Mais il a choisi de suivre la voie de son père il y a 18 ans. Il en plaisante d'ailleurs dans le documentaire "Alambic" de Matthieu Simon : "Moi, je devais organiser des concerts à la base. Comme quoi les études ça mène à tout !"

Le réalisateur est un ami d'université de Vincent Dick. Il y a un peu plus de 20 ans, il s'était lancé dans la réalisation d'un film sur André, le père, distillateur ambulant. Un film alors resté inachevé... "Alambic", c'est une histoire d'amitié retrouvée après 20 ans, et une plongée dans l'univers singulier des distillateurs ambulants professionnels. Il en reste à peine 800 en France.

Le bouilleur ambulant est un nomade : Vincent Dick est un artisan qui se rend de village en village afin de distiller le cidre à l'aide d'un alambic mobile. Grâce à lui, les pommes des petits vergers deviennent eau-de-vie.

Il distille "à domicile", pour le compte de producteurs professionnels ou particuliers. Le produit final est une eau-de-vie qu'on appelle communément le calva (même si l'appellation calvados est protégée par une AOC), réservée à la consommation familiale du producteur.

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

L'avenir s'éclaircit

"Des bouilleurs, ça se fait rare ! Du calva maison comme ça, on n'en trouve pas beaucoup", entend-on dans le documentaire. Oui, mais ce métier ancien pourrait bien redécouvrir un nouvel âge d'or puisqu'il est en phase avec les valeurs contemporaines : le faire soi-même, les circuits courts et l’économie circulaire.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les bouilleurs de cru, c’est-à-dire les clients de Vincent, sont exonérés de taxes sur les 50 premiers litres d’alcool pur, par la distillation. Un calcul avantageux pour ces petits producteurs puisqu'ils bénéficient d'une déduction totale. Reste à payer uniquement le travail du bouilleur ambulant.

Le litre d’eau-de-vie leur revient à cinq euros environ contre dix euros auparavant. Plus de frais après la déclaration à la douane ! De quoi donner envie de refaire appel au bouilleur ambulant...

Cet effet d'appel suffira-t-il à favoriser la replantation de vergers et la production de fruits dans les campagnes ? Et à enrayer le déclin des consommateurs ?

"Alambic" de Matthieu Simon, un documentaire à découvrir ce jeudi 22 mai à 22h45 sur France 3 Normandie et quand vous voulez pendant un mois sur france.tv.

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Une émission présentée par Laurent Quembre ©France 3 Normandie

Le cidre aussi a failli disparaître

Il y a eu un âge d'or du cidre en France au 19ème siècle, les vignes ayant été touchées par le phylloxéra.

Et puis il y a eu "14-18... où les soldats bretons et normands goûtent le vin, fourni par l'Etat dans les tranchées. Le train aussi amène des vins de qualité, ce qui a bien enrayé la place du cidre. En 39-45, c'est encore un drame humain mais aussi de vrais dégâts pour le patrimoine végétal, avec nombre de vergers détruits puis les remembrements... On arrive à la fin des années 1970 - début 1980, menace de disparition : le cidre n'est plus consommé donc plus intéressant à produire. Et on arrache les pommiers.

Heureusement, il s'est trouvé des producteurs pour s'allier et protéger tout ça avec des systèmes d'appellation d'origine comme on les connaît aujourd'hui" nous explique Dominique Hutin, journaliste, spécialiste du vin et du cidre dans l'émission Débadoc qui suit la diffusion du documentaire "Alambic".

Débadoc "Que reste-t-il de la culture normande ?" :

Avons-nous su préserver le patrimoine, les traditions, la gastronomie de notre région ? Avons-nous conservé notre caractère Normand, si bien décrit par Maupassant ? Nos villes et nos campagnes sont-elles toujours empreintes de Normanditude, ou est-ce que notre culture s’est diluée au fil du temps ?

 Un débat présenté par Laurent Quembre, avec :

  • Stéphane Laîné, linguiste à l'université de Caen Normandie
  • Dominique Hutin, journaliste, spécialiste du vin et du cidre
  • Aurélien Guérin, membre du groupe folklorique Le Trou Normand
  • Stéphane William Gondoin, journaliste, passionné de patrimoine normand

Une émission à retrouver ce mercredi 22 mai à 23h35 sur France 3 Normandie et sur france.tv.

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