Le tribunal de commerce de Dieppe a annoncé ce vendredi 17 octobre le placement en liquidation judiciaire de Jenniver, une entreprise sous-traitante spécialisée dans le contrôle qualité des flacons de parfum pour l’industrie du luxe. Une annonce brutale que les salariés et élus de la "Glass vallée" dénoncent dans une marche ce dimanche 19 octobre 2025, à Longroy (Seine-Maritime).
Plusieurs centaines de personnes, élus, habitants et salariés, ont défilé à Longroy (Seine-Maritime) pour défendre leurs emplois dans la "Glass vallée", dimanche 19 octobre 2025.
Une liquidation judiciaire, 85 salariés sur le carreau
Le tribunal de commerce de Dieppe a annoncé, ce vendredi 17 octobre le placement en liquidation judiciaire avec effet immédiat de Jenniver. L'entreprise de la "Glass Vallée", cette région qui produit 90 % des flacons de l'industrie du parfum, compte 85 salariés, principalement des femmes (trois hommes).
Une marche solidaire a été organisée en soutien aux salariés, les trieuses et trieurs de flacons de parfum, ce dimanche 19 octobre 2025, au départ de l'entreprise Jenniver à Longroy. Environ 150 personnes sont venues, dont de nombreux élus locaux et de salariés.
"Derrière chaque emploi perdu, il y a une vie à reconstruire"
"Unis face à l'injustice, solidaire dans l'espoir", "85 salariés à la porte, nous ne sommes pas des chiffres", "Derrière chaque emploi perdu, il y a une vie à reconstruire"... Voici ce que l'on pouvait lire sur les banderoles et les panneaux pendant cette marche.
VIDÉO. Reportage de François Pesquet et Stéphane Gérain :

Nathalie Estot, salariée de Jenniver depuis 25 ans, est dépitée : "Quand on a donné ses bras pendant tant d'années et qu'on perd son boulot, 25 ans d'ancienneté balayés en quelques jours, ça fait très mal. Il faut que tout le monde sache qu'on ne balaie pas des ouvriers comme ça, qui se donnent."
Nathalie Estot savait qu'il y avait des difficultés "mais pas à ce point-là". "On nous a dit qu'il y avait une baisse de trésorerie énorme. On n'a pas compris, on avait du travail, c'est l'incompréhension", souffle-t-elle, amère.
"On a tous une famille, on a des enfants, des loyers à payer, des courses à acheter. On espère qu'on aura un repreneur très vite", espère encore Audrey, qui a trois ans d'ancienneté chez Jenniver.
"Elles sont sous le choc, expliquait Ingrid Bernier, secrétaire générale de l'union locale CGT d'Eu-Le Tréport dans notre article de vendredi 17 octobre 2025. La décision est à effet immédiat. La patronne leur a dit qu'elles étaient toutes licenciées. Elle n'a même pas eu un mot de remerciement pour les années passées dans l'entreprise. L'annonce en a ajouté à leur colère. Elles m'ont dit "on est vraiment des chiens pour elle."
Cette liquidation judiciaire intervient après un premier dépôt de bilan.
Les élus veulent interpeller l'État
De leurs côtés, les élus veulent "obtenir que les donneurs d’ordre et l’État se mobilisent pour préserver les emplois et les savoir-faire car du travail de tri il y en a, et on a besoin des trieuses".
"Le défaut de l'entreprise n'est pas lié au carnet de commandes", précise le communiqué signé jeudi 16 octobre par ces 35 élus, qui rappelle que Jenniver assure le tri de 44 millions de flacons par an.