Arnaques sentimentales sur internet : que faire pour démasquer les brouteurs

Marie-José, une veuve de 82 ans, est partie vivre avec un brouteur à Abidjan en Côte-d'Ivoire et ses comptes ont été vidés. Elle affirme vivre une idylle avec un homme de 28 ans qui s'était d'abord fait passer pour Frédéric Lopez. Son fils unique est très inquiet. Mais comment ne pas tomber dans les filets des brouteurs ? On vous dit tout.

C'est une histoire qui a ému de nombreux internautes. Marie-José, une mamie de 82 ans vivant à Bois-Guillaume, près de Rouen (Seine-Maritime), s'est fait embrigader par un brouteur qui s'était d'abord fait passer pour Frédéric Lopez. Elle est partie vivre avec lui à Abidjan en Côte-d'Ivoire et ses comptes ont été vidés. Sa famille est très inquiète et ne sait plus quoi faire.

De son côté, Marie-José assure vivre une histoire d'amour avec cet homme âgé de 28 ans. Selon Xavier, son fils unique, environ 100 000 euros ont été ponctionnés par ce brouteur. "Mais ce n'est pas ça le pire, le pire c'est que ces brouteurs ont détruit notre famille, ils ont enlevé ma mère, la grand-mère de mes filles, l'arrière-grand-mère de mon petit-fils qui l'adorait... Elle va rater le mariage de sa petite-fille qu'elle aimait tant. On est anéanti. J'y pense tout le temps, je ne suis plus moi-même", souffle Xavier

Cette histoire n'est pas sans rappeler l'histoire d'Anne, une quinquagénaire qui pensait entretenir une relation virtuelle avec Brad Pitt. Elle avait perdu 830 000 euros. Ces arnaques sentimentales, mises en scène par des brouteurs, se multiplient en France.

Chaque année, l'Institut national de la consommation estime que des milliers de personnes sont touchées chaque année, et que près de 80% d'entre elles sont des femmes de plus de 50 ans. 

Et si les brouteurs ont recours à des ressorts un peu grossiers, ce genre d'escroqueries n'arrivent malheureusement pas qu'aux autres. Voici cinq indices pour démasquer ces "arnacoeurs".

1. Faites attention au langage utilisé, aux fautes d'orthographe

Dès les premiers échanges de messages, il faut être vigilant. Il faut d'abord se poser une question : pourquoi cette personne inconnue vient vous parler ? Ensuite, il faut observer son langage, les fautes d'orthographe, les utilisations fréquentes des mots "bah", "ah d'accord", "ah ok". 

Des expressions toutes faites sont utilisées, souvent les mêmes. Lorsque vous avez un doute, n'hésitez pas à copier et coller ces messages dans un moteur de recherche. Les résultats peuvent faire apparaître les témoignages d'autres victimes.

D'après David, alias Meta Brouteur sur les réseaux sociaux, les mots employés peuvent également être un indicateur. "Lorsque le français est approximatif, cela peut donner des indices", assure-t-il à franceinfo.

2. Faire une recherche de photo inversée

Mais aussi une photo de quelqu'un trop beau, une histoire trop belle doivent mettre la puce à l'oreille. Justement, pour vérifier que la photo de votre interlocuteur est réelle, le site du gouvernement Cybermalveillance conseille de faire une recherche inversée de sa photo afin de savoir si c'est bien la sienne. Les principaux moteurs de recherche proposent cette fonctionnalité.

3. Demandez l'avis à vos proches

Le site du gouvernement propose un conseil très simple : demander l’avis de vos proches au moindre doute sur la sincérité de votre interlocuteur. N'ayez pas honte et demandez-le à quelqu'un de confiance.

Et méfiez-vous si la personne tente de vous isoler de vos proches. "Méfiez-vous également si la personne promet de vous rencontrer mais prétexte toujours une excuse pour ne pas le faire, d’autant plus si cette situation perdure depuis des semaines, voire plusieurs mois", peut-on lire sur le site de conseils du gouvernement.

4. Partagez le moins d'informations possibles sur vous sur les réseaux sociaux

Pour se prémunir des brouteurs, soyez vigilant à ce que vous affichez comme information ou publiez sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres. "Les escrocs pourraient en effet utiliser ces informations pour mener à bien leur escroquerie", assure le site Cybermalveillance du gouvernement.

N’envoyez jamais de photos ou vidéos intimes à des contacts virtuels qui pourraient en profiter pour vous faire chanter.

5. Fuyez dès qu'on vous parle d'argent !

N’envoyez jamais d’argent, même une somme dérisoire, à une personne avec laquelle vous n’avez communiqué qu’en ligne ou par téléphone.

Pour informations, les brouteurs utilisent souvent des moyens de paiement intraçables comme des coupons PCS, Transcash, Neosurf... qui leur permet de récupérer de l'argent sans créer de comptes en France. 

Retrouvez les témoignages de deux femmes victimes d'arnaques sentimentales, à l'instar de Marie-José, recueillis par nos confrères de France 3 Pays de la Loire :

Olivier Maldant, officier adjoint en charge de la police judiciaire et du renseignement criminel au groupement de gendarmerie départementale de la Sarthe, interrogé par France 3 Pays de la Loire, affirme que ce fléau touche des femmes de 50 à 60 ans qui souffrent de solitude, "qui ont traversé des épreuves".

"Des mots flatteurs, des hommes séduisants, des princes charmants avec qui elles sont des relations, des conversations virtuelles qui durent depuis des mois. Mais dès qu'il y a de l'argent demandé, c'est l'alerte. L'amour, ce n'est pas de l'argent, il faut tout de suite couper court à cette relation, même si c'est très difficile psychologiquement", souligne-t-il.

Ensuite, il est important d'aller déposer plainte, pour deux raisons : se recontruire mais aussi pour que les forces de l'ordre puissent identifier ces réseaux implantés en Afrique de l'ouest principalement, comprendre leurs fonctionnements et diffuser des messages de prévention.

Vous pensez avoir été victime ? Pour obtenir des conseils, vous pouvez contacter la fédération France Victimes au 116 006 (appel et service gratuits) et la plateforme Info-Escroqueries du ministère de l'Intérieur au 0 805 805 817 (appel et service gratuits).