Après les Gorges de la Maronne, la Corrèze compte désormais une deuxième réserve naturelle : les Tours de Merle. Porté depuis plusieurs années par la communauté de communes Xaintrie Val'Dordogne, ce classement permettra de mieux protéger le patrimoine et la nature de ce site exceptionnel.
À la sortie de son village, au bout d’un sentier boisé, il est un lieu que Jean-Michel Teulière affectionne particulièrement : les berges de la Maronne. Depuis plus de dix ans, cet élu à la communauté de communes Xaintrie Val'Dordogne milite pour leur préservation. "C'est un endroit merveilleux, s'enthousiasme-t-il. On a l'impression d'être dans un endroit des origines de la Terre, quelque part... Il y a un indice de naturalité extrême. C'est très sauvage. On s'y sent forcément bien."
Le vœu de Jean-Michel est aujourd'hui exaucé. La vaste forêt au sein de laquelle coule sa rivière favorite vient d'obtenir son classement en réserve naturelle. Son nom officiel : "Les Tours de Merle". Désormais protégé, ce sanctuaire de biodiversité tire son nom des tours d'une ancienne cité médiévale, majestueusement juchée sur un éperon rocheux.
L'un des sites les plus visités du Limousin
"C'est vraiment l'endroit où on va s'attacher à limiter certains usages, explique-t-il. Mais pas que ! Ce n'est absolument pas une gestion sous cloche, comme on l'entend souvent. C'est permettre aussi des études scientifiques, l'accueil du public... C'est l'un des sites les plus visités du Limousin. Demain, j'espère qu'il continuera à l'être, et ce sera organisé et géré pour préserver avant tout la nature et les animaux qui composent cette mosaïque."
S'étendant sur deux cent cinq hectares, cette vallée luxuriante touche trois communes : Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle, Saint-Cirgues-la-Loutre et Saint-Geniez-Ô-Merle. À travers son classement, il s'agit de favoriser l'épanouissement des espèces animales qu'elle abrite. Une réglementation stricte s'avère mise en place : ni chasse, ni coupe rase, ni hors-piste hors des sentiers de randonnée. La pêche reste autorisée, mais seulement dans des zones définies.
Cela va nous permettre, en partenariat avec des chercheurs, de travailler pour connaître l'état de ces forêts.
Mathieu BonhommeChargé de projet au Conservatoire des espaces naturels
Pour le Conservatoire des espaces naturels, ce site essentiellement forestier répond à une stratégie régionale. "Tout cela va nous permettre, en partenariat avec des chercheurs, de travailler pour connaître l'état de ces forêts, explique Mathieu Bonhomme, chargé de projet. Pour l'instant, elles sont en bon état, avec une biodiversité très importante. Par rapport au changement climatique, comment vont-elles évoluer ? Comment vont-elles s'adapter ?"
L'ambition des Tours de Merle : 35 000 visiteurs d'ici 2035
L’autre singularité de la réserve réside dans la présence d'un site touristique en son cœur : les fameuses tours de Merle. Érigées entre le XIIe et le XVe siècles, elles furent bâties sur un promontoire haut d'environ cinquante mètres. Cette forteresse géologique prouve qu’espaces protégés et tourisme peuvent coexister. Ancienne résidence seigneuriale, les tours de Merle accueillent des animations tout au long de l'année. Avec le classement en réserve naturelle, le site ne compte pas abandonner ses objectifs de fréquentation - trente-cinq mille visiteurs par an d'ici 2035. Bien au contraire !
"Aujourd'hui, on a vraiment envie de se placer en tant qu'ambassadeurs et porte d'entrée dans cette réserve régionale, assure Auriane Lasbories, chef de service des Tours de Merle. On a envie de faire rayonner cela auprès de tous les visiteurs. Pour nous, ce n'est pas une contrainte. Nous étions déjà très engagés sur le sujet. Les petites restrictions supplémentaires, on les prend à bras-le-corps, avec plaisir."
Pendant dix ans renouvelables, l’ensemble de la réserve sera géré par le Conservatoire des espaces naturels et financé par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
