"Ce sont des pièces d'histoire" : maillots, mascotte, cages de but, le patrimoine des Chamois niortais vendus aux enchères

Clap de fin d'une triste histoire : mercredi 23 juillet, le matériel des Chamois niortais a été vendu aux enchères. Le mythique club de foot a été liquidé en avril 2025. Deux cents lots étaient proposés aux acheteurs. La pièce la plus disputée : Chami, la mascotte du club.

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À la lueur de la torche de son téléphone portable, il farfouille dans un carton rempli de maillots. Dans la pénombre du sous-sol du défunt club des Chamois niortais, Jean-Luc Bazerbes, collectionneur originaire de l’île d’Oléron, sait qu’il tient devant lui un trésor, qui brille à ses yeux comme de l’or. « Ces maillots-là ont été portés en match par les jeunes du club de formation », confie-t-il. « Ce ne sont pas des maillots de Ligue 1 ou Ligue 2 mais ils ont quand même un intérêt car ils ont une histoire. »

Ils font partie des derniers témoins de ce club mythique, les Chamois niortais, aujourd’hui liquidé, et qui seront vendus aux enchères dans quelques heures. « Ces maillots qui ont été portés m’intéressent car ils représentent le club qui disparaît. Ils deviendront obligatoirement des pièces d’histoire », répète-t-il. Le collectionneur espère les acquérir pour 250 euros.

Des fauteuils aux couleurs du club qui deviendront des pièces de collection. © Héloïse Pongnan / France Télévisions

Près de 200 lots, dont ces maillots, ont été vendus aux enchères mercredi 23 juillet. L’épilogue d’un club qui n’en finit pas de mourir. Criblé de dette, lâché par ses propriétaires, le club professionnel a été liquidé en août 2024, l’association a suivi en avril 2025. Aujourd’hui, il ne reste que les souvenirs qui partent au rythme du coup de marteau du commissaire-priseur. Une centaine d’acheteurs dans la salle, une autre centaine sur la plateforme en ligne. « Nous n’avons encore jamais vu de club de foot évoluant en Ligue 2 en liquidation judiciaire », précise Me Benoît Teyssier, commissaire-priseur. « Nous aurons du matériel divers et varié : du matériel de restauration, du matériel de bureau et puis du matériel spécifique qui pourra intéresser les autres clubs professionnels. »

Des machines à laver, des tables de soin, des fauteuils aussi. Bleu ciel, aux couleurs du club. « Ce sont les mêmes fauteuils utilisés sur les bancs de touche mobiles ! Pour faire un fauteuil de bureau ! C’est canon ! » En bon vendeur, Me Benoît Teyssier harangue le public présent.

Pour que Chami reste à Niort

Et vient le lot tant attendu : Chami, le costume de la mascotte des Chamois. « Elle suscite pas mal d’intérêt sur les réseaux sociaux », indique encore Me Teyssier. «  Des gens se sont regroupés, pour la racheter, y compris d’anciens joueurs de foot, semble-t-il. » La mise à prix est de 50 euros. D’office, le prix monte à 500 euros. Chami sera adjugé à 870 euros à un acheteur sur internet.

Et très vite son nom a circulé : Quentin Bernard, le dernier capitaine de l'équipe pro aujourd'hui parti à Dijon. « Je ne sais pas si elle vaut ce prix mais dans mon coeur et dans le coeur des Niortais, il était qu'elle reste chez nous », annonce le joueur. Il va confier Chami au nouveau club Chamois Niortais-Saint-Florent, né sur les cendres de l'ancien. « J'ai déjà échangé avec les joueurs actuels et cela leur tenait à coeur que la mascotte soit présente à la reprise des matchs. Et dans un futur éloigné, j'espère que le club retrouvera un niveau national, que du monde reviendra au stade et qu'il y aura toujours besoin d'une mascotte. »

Chami, la mascotte, était la pièce la plus convoitée. Elle a été vendue 870 euros. © Héloïse Pongnan / France Télévisions

De manière plus discrète, cette vente aux enchères a fait d'autres heureux : ils sont venus de Bressuire, au nord du département des Deux-Sèvres. Deux bénévoles du club de foot de la commune ont aussi le sourire. Ils avaient repéré des cages de but amovibles. « Cela vaut 6 000 euros neuf et là, ils les mettent à 1000 euros », explique Luc Roy, le dirigeant. « Nous en manquons au club pour les entraînements », ajoute Gérard Gonord, bénévole. « L’avantage, c’est qu’on peut les déplacer et couper un terrain en deux. Nous avons 500 licenciés, il nous faut du matériel », reprend Luc Roy. Les deux hommes ont réussi à remporter l’enchère. « Nous les payons le tiers du neuf. C’est quand même avantageux », conclut le dirigeant.

Le collectionneur,lui, aura moins de chance. Il repartira sans le carton rempli de maillots. Au bout de cette vente aux enchères, les Chamois ont définitivement tiré leur révérence. Ils auraient dû fêter leurs 100 ans le 1er mai 2025.

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