Quatre rappeurs bordelais livrent une bataille aussi artistique qu’intime : ne rien lâcher, coûte que coûte. Le documentaire "Rap Odyssées" retrace leur parcours pour se faire une place dans le monde du rap. Il est disponible gratuitement et en intégralité sur la plateforme France.TV.
Percer dans le rap, vivre sa passion, rêver... Rap Odyssées raconte l'histoire de quatre artistes bordelais qui s'interrogent sur leur avenir, loin de la lumière médiatique mais au plus près des vraies questions. Comment continuer quand tout pousse à arrêter ? Jusqu’à quel point faut-il s’accrocher pour exister ?
Le réalisateur du film, Flo Laval, a suivi sur plusieurs mois Maydo, Alphamass, Almä Mango et Sopycal, quatre profils bien différents, unis par une même certitude : ils ne peuvent pas abandonner.
Quatre odyssées, quatre voix, quatre destins : une même volonté
Maydo est le plus radical, il fait "all-in", mettant toutes ses économies, son temps et son énergie dans la musique. En filigrane, un ultimatum qu’il formule à voix haute : " Si ça ne marche pas en novembre, j’arrête".
Mais il ne s’est pas arrêté comme il l'avoue lui-même, puisqu'il n’a jamais défini ce que voulait dire "réussir". Et c'est d'ailleurs peut-être cela sa force, ne pas chercher à correspondre à des standards mais créer les siens.
Sopycal, elle, incarne la lutte contre les étiquettes : rapper, produire, se faire entendre en tant que femme dans un milieu encore très codifié. Elle refuse les rôles pré-écrits. Non, elle ne veut pas faire de la pop mais du rap : sa présence, sa voix, sa musique en sont la preuve.
Alphamass, plus discret, plus introspectif, travaille en profondeur. Chez lui, la musique est un moyen d’aller chercher au fond, de mettre des mots sur ce qui ronge, une façon de guérir, sans en faire un spectacle.
Et puis il y a Almä Mango. Elle, c’est la mère, l’artiste, la femme. Elle ne choisit pas entre les trois, elle veut tout et elle le dit : "Je ne peux pas être que maman dans la vie".
Dans une société où l'on attend souvent des femmes qu’elles renoncent, elle affirme au contraire sa volonté de cumuler, de construire, de durer.
Leur parcours n’est pas linéaire et encore moins instantané. Tous ont connu les faux départs, les phases de doute, les projets tombés à l’eau. Le rap demande de la persévérance et de l’endurance.
Il faut 10 ans pour percer en 10 minutes.
MaydoRap Odyssées
La résilience : un trait commun entre ces quatre artistes
Ils ne font pas la même musique, ils ne visent pas les mêmes scènes, ni les mêmes publics. Cependant, tous partagent cette même intuition : le temps et la patience sont une force. Tandis que l’industrie musicale impose des rythmes effrénés, eux prennent leur temps. Tous les jours, ils créent. Souvent, ils doutent. Parfois, ils échouent mais se relèvent toujours.
Ce documentaire parle avant tout de rap bien-sûr, mais aussi et surtout, livre un témoignage vrai et humain de résilience et de cette volonté tenace de ne pas abandonner, même quand tout semble s’y prêter.
Il faut être têtu je crois pour faire de la musique. Il faut être têtu et passionné, c'est ou t'es inconscient et tu continues ou t'es têtu... Moi, je crois que je suis un peu les deux.
MaydoRap Odyssées
Une phrase pour tout résumer. Pas entêté par orgueil mais par nécessité, par passion. Obstiné à vivre, à avancer. Obstiné à affirmer que non, tout ne s’arrête pas à 30 ans, que ce n’est pas fini simplement parce que ça ne rentre pas dans les cases. Qu’il n’y a ni âge ni genre pour être rappeur ou rappeuse. Et que parfois, il faut savoir tenir bon, même quand tout pousse à lâcher.
Le rap plus qu'une passion : un exutoire
Pour ces artistes, la musique n’est pas qu'un simple loisir, elle s’impose comme une nécessité. Un moyen de tenir, de faire face et de raconter ce que les mots ordinaires n’autorisent pas toujours à dire. Le rap devient alors un exutoire, c’est-à-dire un espace où la colère, les doutes mais aussi les blessures ou même les espoirs trouvent leur place.
Dans ce documentaire, il apparaît comme un outil de résilience face aux échecs et aux freins sociaux. Pour eux, il y a plusieurs façons de rester debout. Il y a d'abord l'écriture puis, les enregistrements et enfin, la scène. Pour ces jeunes artistes, le rap n’est pas un rêve naïf mais au contraire une manière viscérale d’exister et parfois de survivre.
Un entourage comme boussole
Rap Odyssées ne raconte pas que l’intime, il montre aussi le collectif. L’entourage est un personnage à part entière de ce documentaire : on y voit les producteurs, les amis, les familles, les managers. Sans eux, rien ne tiendrait, ils sont les premiers à écouter les maquettes.
Ces personnes de l'ombre qui constituent un cercle invisible mais déterminant, permettent à ces artistes de tenir dans les phases de doute. Il faut compter avec les périodes sans scène et les fins de mois difficiles. Fort heureusement, Maydo, Sopycal, Alphamass et Alma Mango ne sont pas seuls dans leur bataille.
À travers les récits de ces quatre visages du rap bordelais, Rap Odyssées donne à voir bien plus qu’une aventure musicale : c’est une leçon de persévérance. Ces quatre artistes incarnent cette génération qui refuse de céder aux pressions. Ils rappellent que derrière chaque projet, il y a des vies entières à équilibrer, des rêves à défendre et un cap à tenir.
Emerger dans le rap ne se mesure pas seulement en nombre de vues, en nombre d'écoutes ou en followers mais dans la capacité à ne pas lâcher, à toujours croire en soi, même quand tout semble vaciller et surtout à ce moment-là.
"Rap Odysées"
Jeudi 15 mai à 22.40 sur ici Nouvelle-Aquitaine et déjà disponible gratuitement sur la plateforme France.tv
Durée : 52 mn
Réalisation : Flo Laval
Coproduction : Les Films Jack Febus, Revue Far Ouest et France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec le CNC et l’accompagnement d’ALCA.
