La renomination de Sébastien Lecornu à Matignon quatre jours après avoir démissionné irrite une bonne partie de l'échiquier politique en ex-Aquitaine. Comme les trois parlementaires régionaux invités sur notre plateau. Ils détaillent leur colère et leurs inquiétudes.
Tout ça pour ça. Sébastien Lecornu a été renommé vendredi soir 10 octobre à Matignon par Emmmanuel Macron alors qu'il avait démissionné lundi. Les consultations des partis politiques jeudi à l'Elysée, à part LFI et le RN qui n'avaient pas été conviés, n'ont donc pas fait bouger les lignes.
Edwige Diaz, députée de la onzième circonscription de Gironde et vice-présidente du Rassemblement National, est très critique après une semaine de chaos politique."Je fais partie de ces 86 % de Français qui trouvent ce spectacle navrant. Si Emmanuel Macron en est réduit à renommer Sébastien Lecornu, ça veut dire qu'il n'a plus personne pour le soutenir. Il est non seulement lâché par les Français mais aussi par les siens. On a vu un certain nombre de ses alliés historiques, je pense à l'UDI, dire qu'ils allaient reprendre leur liberté. Ou d'autres comme Édouard Philippe qu'ils allaient soutenir texte par texte mais sans participation au gouvernement". La parlementaire du Rassemblement National ne voit pas d'autre issue qu'une nouvelle dissolution de l'Assemblée Nationale.
Marie Récalde, députée socialiste de la sixième circonscription de Gironde, n'épargne pas non plus le chef de l'Etat. "Cette nomination est un choix d'obstination. Le président de la République prolonge le chaos dans lequel il a mis le pays ces derniers mois et plus particulièrement ces dernières semaines. C'est un choix incompréhensible. Il s'appuie sur un socle commun phantasmé. Quand on voit ce qu'il se passe au niveau du socle commun, chacun reprend sa liberté. Nous avons toujours fait des propositions. Nous sommes toujours dans cette démarche constructive. Malheureusement, il (NDLR : E.Macron) n'écoute ni le parlement, ni la voix des Français ce qui est beaucoup plus grave". Le Parti Socialiste est prêt à censurer le nouveau gouvernement sans acte fort sur les retraites et sur le pouvoir d'achat.
Max Brisson, sénateur Les Républicains des Pyrénées-Atlantiques, est quant à lui atterré." Quand on dit que l'image de la France est altérée le mot est faible. Il y a une crise politique et un rejet très fort, très inquiétant pour notre démocratie, pour la chose publique. Le problème auquel nous sommes confrontés depuis un an, c'est ce que le président de la République n'a pas accepté de revenir au pouvoir que lui donne la Constitution. Il aurait dû présidé, s'occuper des affaires étrangères, laisser le gouvernement gouverner et le parlement légiférer. Enfin dernière provocation, il a choisi le dernier des Macronistes. Sébastien Lecornu est très proche du président de la République. Le pouvoir n'est pas à Matignon, n'est pas au Parlement mais à l'Elysée".