Dans deux arrêtés, la préfecture de la Vienne a pointé du doigt des non-conformités au sein de la très contestée "ferme aux 1200 taurillons" près de Châtellerault. Elle impose à l'exploitant des mises en demeure et une amende de 8000 euros.
Le couperet de la préfecture de la Vienne est tombé le 27 novembre dernier : la SCEA Les Nauds est condamnée à une amende 8 000 euros pour non-respect du plan d’épandage. Cette entreprise exploite à Coussay-les-Bois, près de Châtellerault, une ferme que ses opposants considèrent comme une usine : 1 200 tourillons y sont engraissés depuis l’automne 2024.
En juillet 2025, la préfecture avait mis en demeure l’entreprise de se conformer à la réglementation. Une inspection avait révélé « un stockage de 1500 m3 de fumier compact sur une aire de circulation de véhicules dépourvue de système de collecte ou de traitement des effluents. » Les inspecteurs des installations classées ont aussi constaté que le jus de fumier se mélangeait aux eaux pluviales, ce qui, selon les autorités, pouvait créer une pollution. Enfin, du fumier était aussi transféré vers une exploitation agricole non mentionnée dans le plan d’épandage autorisé.
La SCEA Les Nauds avait un mois pour se mettre en règle. Dans son arrêté du 27 novembre, la préfecture annonce que l’entreprise n’a fourni aucun document prouvant la mise en conformité. Eller a donc pris la décision de lui infliger une amende.
Une amende qui va être contestée annonce le dirigeant de la SCEA Les Nauds : « Bien-sûr que cela fait longtemps que le fumier a été évacué, assure Pierre Liot. Nous n’avons pas pu épandre quand il a plu. Le fumier était stocké à cet endroit en attendant. Et nous l’avons évacué dès que nous avons pu, il y a 3 ou 4 mois. »
Un second arrêté datant également du 27 novembre 2025 met l’exploitant en demeure pour d’autres manquements : la préfecture demande à l’entreprise d’évacuer sous un mois « divers déchets et matériaux entreposés en plein air (gravats, blocs de béton, déchets métalliques, plastiques, bois, déchets agricoles et trois algécos détériorés). »
Un mois pour se mettre en règle
Pierre Liot, le dirigeant, conteste la notion de déchets : « Ce sont des produits que nous allons envoyer à un ferrailleur ou que nous allons revendre. Nous avons fait du rangement dans l’exploitation et nous avons tout stocké à un endroit pour ensuite tout évacuer. Mais cela ne se fait pas en cinq minutes. »
La préfecture a aussi noté l’absence de deux piézomètres obligatoires, avec pour conséquence l’absence de suivi de la qualité des eaux souterraines. L’exploitation a cette fois-ci deux mois pour se mettre en règle. De nouveau, la SCEA Les Nauds certifie par la voix de son dirigeant que c’est en cours de résolution.
De leurs côtés, les opposants à cette ferme se réjouissent des décisions prises par la préfecture : « Pour nous, c’est une petite victoire, indique Dominique Brunet, co-président de l’association Aspect (Association de sauvegarde et de la protection de Coussay-les-Bois et de sa région thermale). Vu tous les efforts que nous déployons pour remonter à la préfecture les dysfonctionnements que nous constatons, nous voyons que ce travail commence à payer. »
La ferme a démarré son activité le 4 octobre 2024. Son existence est contestée depuis le début du projet en 2014 par des associations environnementales.