Un bureau de poste en Aveyron a été dans l'obligation de fermer par mesure de précaution. En cause après la découverte d’une forte présence de radon, un gaz radioactif naturel et invisible. Source silencieuse de risques graves pour la santé, ce gaz est la deuxième cause de cancers du poumon en France après le tabac.
Depuis le lundi 21 juillet 2025, Le bureau de poste de Saint-Jean-de-Bruel dans l'Aveyron est fermé. "Encore une grève" ont pensé quelques habitants de la commune. Il n'en est rien. La décision est une mesure de précaution. Un gaz radioactif a été détecté en trop grande quantité dans les locaux, mettant en danger à la fois les employés et la clientèle. Son nom, le radon.
Le radon, késako ?
Mais quel est donc ce gaz radioactif, invisible et inodore ? Il provient de la désintégration du radium contenu dans certains minerais d’uranium présents dans le sous-sol. En Aveyron, la géologie particulière, dominée par le granit et des sols riches en uranium, favorise la présence importante de radon. Il est également présent partout en France notamment dans le Tarn, la Lozère, l'Hérault et sur l'ensemble des Pyrénées. Ce gaz diffuse depuis le sol et peut s’infiltrer dans les bâtiments, principalement par des fissures ou défauts d’étanchéité entre le sol et les parties occupées.
Deuxième cause des cancers du poumon
Lorsqu’il est en plein air, le radon se dilue rapidement et ne présente pas de danger. En revanche, en milieu confiné, son accumulation peut représenter un risque sérieux pour la santé. Reconnu cancérigène pulmonaire certain par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS depuis 1987, le radon est la deuxième cause de cancer du poumon en France après le tabac, particulièrement lorsqu’il est associé au tabagisme. C’est pourquoi une aération régulière des espaces clos est essentielle pour réduire les concentrations.
Il est possible d’effectuer un test de radon dans son habitation et de consulter la carte du potentiel radon des communes proposées par l’IRSN.
Pas de réglementation pour les logements
En France, il n’existe actuellement pas de limite réglementaire applicable aux habitations.
Sur la base des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, la Commission européenne et la France ont retenu la valeur de 300 Bq/m³ en moyenne annuelle comme valeur de référence en dessous de laquelle il convient de se situer. Lorsque les résultats de mesure dépassent 300 Bq/m³, il est ainsi nécessaire de réduire les concentrations en radon.
Voir cette publication sur Instagram
Le risque étant d’autant plus faible que la concentration est basse, il est, de manière générale, pertinent de chercher à réduire les concentrations en radon aussi bas que possible quel que soit le niveau mesuré. C’est en particulier vrai pour les pièces dans lesquelles vous séjournez sur des durées importantes.
À lire : Campagne de sensibilisation sur le gaz cancérogène le radon dans le Tarn
Une priorité de santé publique
Face à ces enjeux, la gestion du risque lié au radon est désormais une priorité publique. Elle s’inscrit dans le cadre de directives européennes et de plans nationaux d’action en santé-environnement. En région Occitanie, dont fait partie l’Aveyron, presque tous les départements sont concernés par des niveaux « moyens à élevés » de radon sur leur territoire.
Pour limiter les risques, plusieurs mesures sont recommandées :
-
procéder à la mesure du radon à l’aide de dosimètres, particulièrement en période hivernale
-
assurer une bonne étanchéité entre le bâtiment et le sol en colmatant fissures et passages de réseaux
-
ventiler ou mettre en légère dépression les sous-sols ou vide sanitaires
-
pratiquer une aération régulière des locaux pour évacuer le gaz accumulé
La fermeture de la poste de Saint-Jean-de-Bruel n'est donc que temporaire, le temps d’évaluer la nature des travaux nécessaires pour sécuriser les lieux.