Sur tous les fronts, par tous les temps, les sapeurs-pompiers volontaires représentent 80% des pompiers en France. La perspective d'une remise en question d'une prime en fin de carrière soulève colère et indignation.
La colère gronde, le feu couve dans les casernes.
La réforme de nouvelle prestation de fidélisation et de reconnaissance (NPFR) attribuée aux pompiers volontaires depuis 2016 pourrait être remise en question, et ce, pour cause de rigueur budgétaire.
Une prestation qui pourrait être gelée, réduite ou supprimée. Et ce qui inquiète les unions départementales de sapeurs-pompiers volontaires. Plus qu'une inquiétude, c'est même une indignation qui s'exprime dans les casernes et sur les réseaux sociaux.
"La chasse à l'euro"
Gilles Raymond est le président de l'Union départementale des sapeurs-pompiers de Haute-Garonne. Il confirme que le ton monte dans les casernes.
"La direction générale de sécurité civile a remis en cause la participation de l'État dans le financement de cette prime. Jusqu'alors le financement était assuré à 50% par les collectivités, le reste par l'État. Mais aujourd'hui c'est la chasse à l'euro. Et cela soulève un profond sentiment de révolte. C'est du mépris", s'indigne-t-il.
Pour ce pompier professionnel, la prime est une juste reconnaissance de l'engagement des volontaires. "Il faut imaginer qu'un pompier volontaire a toujours un bip à la ceinture. Prêt à renoncer à des moments en famille pour porter secours. Ils assurent 2/3 des interventions. C'est un engagement citoyen".
#SoutienAuxPompiers | Le feu couve dans les casernes.
— Pompiers de France (@PompiersFR) September 4, 2025
Toucher à la #NPFR, c’est casser le volontariat, pilier de la sécurité civile.
Sans SPV, pas de secours partout, pas de résilience.
La Nation doit tenir parole. pic.twitter.com/dfTAYGKibn
Un engagement citoyen qui séduit de moins en moins. La prime, la NPFR, est variable selon l'ancienneté. Elle va d'environ 500 euros par an à 3 050 euros au-delà de 35 ans. Une sorte de prime de retraite. "C'est une juste reconnaissance. Remettre cela ne cause est inacceptable. Récemment, on a nous assuré que le gouvernement actuel ne remettrait pas cela en question", précise Gilles Raymond. Mais le gouvernement actuel survivra-t-il au-delà du 8 septembre ?
Le volontariat, clef de voûte de notre modèle de @SecCivileFrance, doit être protégé. La #NPFR est un pilier essentiel qui ne saurait être remis en question. Nous trouverons les équilibres nécessaires afin de sécuriser son financement. Il en va de la pérennité de notre modèle. pic.twitter.com/NItSqafPhl
— François-Noël BUFFET (@fnb_officiel) September 5, 2025
Sentiment de mépris
"Quand vous avez des gens qui ont bouffé de la fumée toute leur vie, la société leur doit peut-être un petit quelque chose, non ? ", s'indigne François Evrard, président de l'UD du Tarn-et-Garonne. "Cette prime, les pompiers volontaires la touchent au moment du départ à la retraite. À l'horizon 2040, c'est un budget de 175 millions d'euros à l'échelle nationale.
Le budget social du Tarn-et-Garonne c'est 240 millions par an pour donner une idée", tient à préciser François Evrard. Sapeurs-pompiers volontaires depuis 25 ans, il dénonce un mépris grandissant. " On nous a promis des trimestres de retraites en échange de nouvelles compétences comme la réalisation d'électrocardiogrammes. On le fait. Mais toujours rien côté retraite. Je ne parle pas des médailles qu'on ne reçoit jamais. On peut demander beaucoup aux gens, mais là on nous prend pour des saucisses !"
Au niveau national, un appel à la mobilisation a été lancé par la fédération nationale des sapeurs-pompiers.
Les pompiers volontaires de Midi-Pyrénées, d'Occitanie et d'ailleurs sont bien décidés à se faire entendre. "On reste vigilant. On en a marre d'être pris pour des imbéciles. On veut mettre un coup de pression. Les pompiers volontaires c'est 80% des effectifs et 20% du coût fonctionnel", explique Gilles Raymond.
Une action symbolique est d'ores et déjà prévue le 27 septembre prochain. Les pompiers volontaires poseront leur bip pendant 1 h. Une manière de montrer que sans eux, l'organisation des secours sera particulièrement complexe.