L'hippocampe a décidé de peupler le port de plaisance de Frontignan, dans l'Hérault, où il trouve l'eau particulièrement à son goût. Pour les régisseurs du port, c'est le signe de la réussite d'une politique environnementale volontaire depuis des années.
Entre le quai et le ponton, là où le port ne laisse que quelques centimètres de profondeur à la mer, un petit hippocampe nage et se promène tranquillement.
Autour de lui, les plaisanciers s'attroupent, intrigués. "Ah oui ! On le voit !", s'exclame l'une d'eux.
L'hippocampe est devenu une véritable attraction au port de plaisance de Frontignan, près de Sète. Pourtant, sa présence est encore toute récente.
13 hippocampes recensés
Le premier a été aperçu il y a deux ans. "C'est là qu'a commencé l'aventure", se réjouit Stéphanie Brunelle, directrice du club Plongée Passion. C'est elle qui a eu l'idée d'explorer les eaux du port pour mesurer l'ampleur du phénomène.
Je me suis dit, il faut qu'on aille voir combien on en trouve. On a eu une première plongée pour faire un recensement. Ils ont trouvé beaucoup plus de spécimens que ce qu'on voit depuis la surface.
Stéphanie Brunelle, directrice du club Plongée Passion à Frontignan
Le 18 juin dernier, des plongeurs expérimentés ont recensé 13 hippocampes de deux espèces différentes.
Une eau transparente
La présence en nombre de ce cheval de mer est le signe d'une eau saine. "Le port est très propre", confirme Claude, un plaisancier amarré ici depuis un an. "Vous arrivez à voir le safran et la quille des bateaux. J'ai rarement vu une eau aussi transparente !".
Et la bonne qualité de l'eau n'est pas un hasard. Elle est le fruit d'une politique volontariste de la part des gestionnaires du port.
"Avant, les ports n'étaient que des parkings à bateau, on se souciait très peu de ce qu'il y avait sous l'eau, raconte Jacques ce Lalaubie, directeur de la régie du port de plaisance. On retrouvait des pneus, des batteries... Tout le monde se servait du plan d'eau pour jeter ce qui dérangeait.".
Mais "cette période est révolue", veut désormais croire Jacques de Lalaubie. "Aujourd'hui, on fait très attention à nos fonds marins parce qu'on a compris les enjeux que ça représentait."
Nurserie pour poissons
Pour y parvenir, le port a mis en place des mesures très concrètes.
Outre le travail quotidien de prévention auprès des plaisanciers, les régisseurs ont installé des infrastructures sous-marines pour permettre à la biodiversité marine de se développer.
"Dans l'eau, on a des oursins artificiels avec des grandes épines, décrit Jacques de Lalaubie. Ils sont colonisés par la flore marine. Les petits poissons peuvent s'y réfugier, à l'abri des grands prédateurs."
Ces infrastructures métalliques forment une véritable nurserie pour la biodiversité, en soutien à l'écosystème naturel de cet espace marin.
On est situés entre la mer et l'étang d'Ingril, sur un grau. Ce passage entre les deux plans d'eau favorise les échanges de la faune et de la flore. On a voulu accélérer ce dispositif en plaçant des nurseries à poissons.
Jacques de Lalaubie, directeur de la régie du port de plaisance de Frontignan
Aujourd'hui, il n'est donc pas rare d'apercevoir sous les coques des bateaux des dorades, des muges ou des loups.
Écrit avec Olivier Brachard.