Retrait temporaire des fonctions politiques, pour Karine Franclet. La maire d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, a fait son choix ce vendredi 21 février, pour préserver sa santé mentale. L’équipe municipale se chargera en attendant de gérer les affaires courantes.
Elle avait été élue pour la première fois en tant que maire (Union des démocrates et des indépendants, centre-droit), lors des dernières municipales de 2020. Cette femme de 43 ans avait alors fait basculer la municipalité, jusqu’ici communiste.
L'ancienne principale de lycée professionnel souhaite "briser le tabou" de la santé mentale des élus. Elle s'est adressée directement aux Albertivillariens dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux.
"Ces derniers mois, j'ai senti une fatigue profonde s'emparer de moi, insidieusement. J'ai voulu ignorer les signes, avancer coûte que coûte, comme on l'attend d'un élu, avec l'exigence que suppose mon engagement (...) Jusqu'à ce que mes limites s'imposent à moi", a-t-elle déclaré dans sa publication.
Pas de "renoncement" mais retrouver de "l'énergie"
"Je fais le choix, durant quelques semaines, de me mettre temporairement en retrait de mes fonctions pour prendre soin de moi et retrouver toute l'énergie nécessaire à la mission que vous m'avez confiée", détaille Karine Franclet sur cette lettre publiée sur sa page X (anciennement Twitter). Avant de conclure, quelques lignes plus loin : "Cette décision n'est pas un renoncement, bien au contraire. Je veux continuer à me battre pour Aubervilliers, avec toute l'énergie que cette ville mérite, parce qu'il reste encore tant à faire et que je souhaite être au rendez-vous de nos promesses."
Elle s'est aussi exprimée dans les médias, déclarant à nos confrères du Figaro : "J'ai voulu être à 200%. Quand vous devenez maire, vous devez maîtriser tout un tas de sujets. Moi, je ne peux pas défendre un dossier sans le maîtriser complètement", tout en s'estimant "épuisée à la tâche".
Cette décision de retrait provisoire des fonctions politiques n'est pas isolée en France. Ces derniers mois, une élue de Pibrac, au sud-ouest de Toulouse (Haute-Garonne) avait notamment fait de même.
Une commune concernée par de nombreux défis
Projets de rénovation urbaine, arrivée du prolongement de la ligne 12 du métro, faits de délinquance, installation du campement de consommateurs de crack : ces dernières années, la commune d'Aubervilliers a eu à gérer plusieurs dossiers.
Voisine du 19e arrondissement de Paris, Aubervilliers reste une ville très populaire qui doit faire face à un haut taux de pauvreté, de 42% d'après les dernières données disponibles de l'Insee (2021). De toutes les communes de Seine-Saint-Denis limitrophes de la capitale, de Saint-Ouen à Montreuil en passant par Saint-Denis et Pantin, Aubervilliers est celle qui a le taux de pauvreté le plus élevé.