"On est des athlètes et des artistes", le crew de breakdance nantais 'ON OFF' prêt pour les finales du festival Hip Opsession

Ils sont six danseurs, dont quatre originaires des Pays de la Loire. Le collectif Nantais "ON OFF" participe au festival Hip Opsession. Samedi 17 mai, deux enjeux les attendent dont une qualification. Rencontre avec des passionnés.

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Ils s'entraînent et s'entraident ensemble depuis trois ans dans une salle de l'école de musique, quartier Toutes Aides à Nantes.

La danse -et plus particulièrement le breakdance, cette danse urbaine acrobatique née dans les rues de New-York dans les années 70 fait partie de leur univers depuis leur adolescence. Et elle ne les a pas quittés.

En 2022, ils sont une dizaine de copains à créer leur collectif de danseurs "ON OFF". Dans la bande, quatre sont originaires des Pays de la Loire. Ils y ont grandi. Alors le festival Hip Opsession implanté sur la métropole nantaise depuis 20 ans représente pour eux le graal. Et de sacrées opportunités à ne pas manquer.

Cette année, le festival se déroule jusqu'au dimanche 18 mai.

Samedi 17 mai, Brice, le danseur leader sera "guest", c'est à dire invité par l'organisation sur la finale breakdance. Pas besoin de passer par une qualification. En tant que "guest" il est sélectionné d'office eu égard à son niveau.

Et le crew, lui, disputera samedi les qualifications pour le 1X1 (affrontement un contre un)

Deux à trois heures d'entraînement par jour

Alors pas question de lésiner sur les entraînements. Avec motivation et dans la bonne humeur. En essayant toujours de se dépasser.

Les garçons s'entraînent deux à trois heures par jour, parfois six jours sur sept.

"Soit on apprend des nouveaux trucs, soit on répète un peu ce qu'on va faire pendant les compétitions pour être préparé", explique Lucien l'un des membres du collectif.

L'important c'est aussi de se débriefer. "Dans le break, on aime bien avoir ses moves à soi, et du coup on essaie toujours de trouver des enchaînements un peu originaux."

"Le regard extérieur c'est important, parce qu'on ne voit pas toujours ce qu'on fait. Et d'avoir une réaction en plus, des gens qui crient, c'est important. Après, il y a un échange, ils vont me proposer d'autres moves, d'autres enchaînements que je peux rajouter, ou une autre forme de corps", ajoute le danseur.

"Et les bases, c'est important de toutes les débloquer pour avoir justement un grand répertoire de mouvements, être libre dans sa danse. Du coup, parfois on fait plus des mouvements pour se faire kiffer, pour débloquer un panel de mouvements. Et après, on voit ce qu'on met en battle, en compétition."

Lucien, 21 ans, est originaire des Herbiers, en Vendée, c'est là où il a grandi. Il a commencé la danse à l'âge de 10 ans dans une association de sa commune l'Art du mouvement.

"Mes parents me voyaient me jeter partout. Et j'étais tombé sur un spectacle de danse en pleine rue. Et j'avais dit que je voulais faire ça. Après, on est allé dans un théâtre voir un vrai show de break. Et j'ai tout de suite su que j'avais ça dans le sang".

Aujourd'hui, il a en poche une licence de Staps obtenue à Nantes, mais il fait surtout des battles, de la compétition. "C'est ce qui me plaît, c'est passionnant. Il y a une grosse scène compétitive en France, en tout cas. Mais après, le break, ça reste un art : parfois on a l'impression d'avoir battu le mec en face. Et au final, les juges, ils ont voté pour les autres".

Les battles, ça demande un niveau de rigueur très élevé. Il faut tout le temps s'entraîner.

Lucien

Membre du collectif "ON OFF"

Le collectif "ON OFF' s'entraîne deux à trois heures par jour © Denis Leroy - France 3 Pays de la Loire

Lucien comme ses amis aimerait bien pouvoir vivre de sa passion, danser dans des compagnies ou devenir professeur de breakdance.

Idem pour Noé, "Je réfléchis à plusieurs choix, ça peut être coach individuel, indépendant, et en même temps, faire des cours de danse, de break, dans des assos, dans des structures. J'aimerais mixer les deux, et me débrouiller un peu".

Benjamin, 20 ans, lui, est étudiant en médecine à Nantes. Une ville où il a pu exercer et développer sa passion pour le hip hop, notamment au LU, le Lien Unique, célèbre salle de spectacle nantaise.

"Ça fait quatre ans que suis à Nantes. Avant j'avais un binôme qui s'appellait Diego. On dansait au Lu (Lieu Unique), qui était vraiment un symbole de la danse, de la scène hip hop à Nantes. Et il y a un grand, un jour, Brice, qui a quelques années plus que moi, avec son binôme Akim, qui ont décidé de former un crew pour un peu structurer justement cette scène hip hop à Nantes, cette scène de break. Et donc, ça s'est monté progressivement. De nouvelles personnes sont arrivées et maintenant, on est environ dix personnes dans le crew, dont six à Nantes."

Sans entraînement, pas de compétition

S'entraîner pour progresser c'est la clé. Mais tenir les rythmes des entraînements peut parfois être un parcours de combattant. C'est parfois un casse-tête, surtout pour Ben qui doit concilier le break avec des études de médecine chronophages.

"J'essaie de planifier. Ce n'est pas toujours facile. Mais voilà, j'essaie de caler des entraînements dans ma semaine. Dans les périodes d'examen, c'est vraiment compliqué. Donc, je suis obligé de mettre une pause sur le break pendant deux semaines, trois semaines. Et je reprends après tranquillement les entraînements avec l'équipe".

Pour Noé aussi, l'entraînement, c'est indiscutable, c'est la base, "Ça implique beaucoup de responsabilités, parce qu'on doit être là pour les autres, même si on est blessé ou si on n'a pas trop envie de venir, il faut quand même venir parce qu'on doit soutenir toutes les personnes de notre groupe."

Un sport qui demande comme souvent quelques sacrifices. Une hygiène de vie."On ne sort pas le soir parce qu'on doit être présent le lendemain, on doit être là, pour le collectif. C'est beaucoup de sacrifices mais c'est pour un bien. Ça développe vraiment le corps, l'esprit, vraiment c'est un super sport qui requiert plein de qualités physiques."

Pour Ben, comme pour les autres membres du crew, l'entraînement, c' est aussi ce qui fédère le groupe.

"On a besoin de se retrouver à la salle, de s'entraîner tous ensemble en cercle, partagé. On parle, on échange sur la danse ou sur autre chose. Et donc, ce sont des moments primordiaux qui permettent la cohésion de groupe".

S'entraîner pour s'affronter dans des battles. Un exercice qui les stimule.

"Quand on est face à des équipes qui sont prestigieuses, déjà, juste affronter les meilleurs, en soi, ça peut déjà être une forme de victoire. Après, c'est du bonus", explique le danseur.

Membre de l'équipe de France de break

Brice a 24 ans, il est originaire de Rezé. C'est le plus âgé du collectif "ON OFF". Et c'est un athlète de haut niveau de break, membre de l'équipe de France. C'est lui qui a fédéré la bande de passionnés.

"J'ai un parcours de footeux, et tout simplement pour la petite anecdote, le copain de ma cousine faisait du break, et à l'époque quand j'allais dormir chez mon cousin, il nous montrait un peu des figures, et après de fil en aiguille, il nous a emmenés à l'entraînement au Lieu Unique (LU), et c'est comme ça que ça a commencé".

Si le Lieu Unique a été la première salle à les avoir hébergés et soutenus dans leur pratique, il déplore un manque de structures dédiées à la discipline. Et pourtant c'est aussi un élément important pour progresser et réussir.

J'ai dû attendre d'être athlète de haut niveau pour avoir accès à des salles de danse

Brice Foe Ekora

Membre du collectif "ON OFF"

"J'ai passé la moitié de ma jeune carrière à m'entraîner au Lieu Unique, sur du béton ciré, et à partir du moment où je me suis entraîné en salle de danse, ma progression a été directe".

"A Nantes, il y a beaucoup d'écoles de danse, mais il n'y a pas d'associations qui suivent les danseurs pour la performance."

Une aventure collective

Le collectif "ON OFF" c'est son bébé. Un projet qui lui tenait à coeur.

"C'est la communauté nantaise du break avec laquelle j'ai débuté qui m'a emmené à mes premiers battles en Bretagne, et une fois à Paris. En 2018, j'ai commencé à vouloir partir tout seul, avec mon binôme Hakim Bellabiod, donc je suis parti à Paris, j'ai fait ce qu'on appelle dans le milieu notre "blaze", on a fait notre nom quoi, et de fil en aiguille on est rentré dans des groupes français, "La Haine", qui après s'est transformée "The Forgotten" pour dire les oubliés un peu de la France, parce qu'on venait de Nantes, donc la province, et les grosses villes dans le break c'est Paris, Lyon...Et puis après le Covid, on s'est posé la question avec mon binôme, ça serait bien de créer une nouvelle dynamique avec des jeunes, d'ouvrir le réseau du break parce que c'est un milieu très fermé."

Le break c'est une discipline qui demande beaucoup de motivation, beaucoup de résilience, beaucoup de patience pour acquérir des mouvements.

Brice Foe Ekora

Membre du collectif "ON OFF"

Et pour progresser il faut avoir un mental.

"Parfois on fait des déplacements de 3 à 4 heures, voire des fois plus en voiture, et on perd au premier tour, ou on passe pas les qualifs, donc pour retrouver la motivation ensuite, c'est compliqué. Mais j'explique aux membres qu'il faut du temps, dès que le déclic se passe c'est beaucoup plus facile."

Ce qui prime aujourd'hui dans le collectif, c'est vraiment l'échange et surtout le fait qu'il n'y a pas de hiérarchie

Brice Foe Ekora

Membre du collectif "ON OFF"

"Même si j'ai plus d'expérience, il n'y a pas de personnes au-dessus des autres, tout le monde se donne des coups de main, se conseille à l'entraînement, même dans les projets futurs, tout le monde a la même ambition d'évoluer, donc c'est cool."

Des athlètes et des artistes

Je leur dis souvent : "on est des athlètes et des artistes". Et pour ce membre de l'équipe de France, il faut aussi impérativement aimer et écouter de la musique.

"Il y a différents DJ à travers le monde qui ne pratiquent pas tous la même musique, il y a différents styles, donc il faut aimer écouter la musique, aimer la musique, aimer danser, de base ça c'est de l'art, et on ajoute la performance sportive."

Aujourd'hui on est tous forts, mais ce qui fait la différence en compétition, c'est la prépa physique et la prépa mentale

Brice Foe Ekora

Membre du collectif "ON OFF"

Samedi, Brice sera "guest" lors de la finale de breakdance. Une fierté. "Je suis très fier de représenter ma ville, c'est la première compétition internationale à laquelle j'ai pu participer et où j'ai pu voir de grands champions. Et j'aime toujours donner des conseils à des kids, donc ce battle là il est vraiment important pour l'échange, et puis moi vu que je suis Nantais, c'est important de gagner à la maison."

" e serai là en individuel samedi soir et avec le groupe groupe l'après-midi pour essayer de se qualifier pour le main stage du soir, donc voilà on se prépare et let's go !

Et Noé de conclure : "On est jeune, il n'y a personne pour nous guider, pour nous dire comment faire, mais on sait qu'avec la motivation qu'on a, les compétences et surtout la volonté de transmettre, de créer, on sait qu'on est capable et légitime de pouvoir proposer à Nantes des événements, de la transmission."

"L'enjeu de notre collectif dans les prochaines années c'est de faire en sorte que chacun puisse vivre avec ce collectif et qu'on puisse créer tant qu'on veut grâce au collectif."

►Suivez en direct le Battle Opsession - finales break, samedi 17 mai dès 19h, sur notre site, sur la plateforme france.tv et sur notre chaîne Youtube

►Revivez le Battle Opsession - finales debout du vendredi 16 mai, comme si vous y étiez, sur france.tv

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