"J'ai eu peur qu'il me casse ma voiture" : l'agressivité au volant en question un an après le décès du cycliste Paul Varry

Il y a tout juste un an, Paul Varry trouvait la mort sur l'asphalte parisien. Le jeune homme, originaire des Hautes-Alpes, a été renversé par un conducteur de SUV agacé de sa présence sur la voie de vélos. En cette date anniversaire, la Sécurité routière lance une campagne contre la violence au volant.

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Le 15 octobre 2024, Paul Varry perdait la vie à Paris alors qu'il circulait à vélo. Le jeune cycliste de 27 ans s'est fait renverser par un automobiliste, lequel sera rapidement mis en examen pour meurtre. Un an plus tard, jour pour jour, des rassemblements sont organisés en France. Un appel lancé notamment par l'association cycliste Paris en selle, et la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette), pour mobiliser contre "les violences motorisées". Une date symbolique que la Sécurité routière a également choisie pour lancer sa campagne "Priorité au respect". 

Une bonne conduite sociale

Au-delà du Code de la route, c'est d'un code de bonne conduite dont il s'agit, comme l'explique Michèle Lugrand, déléguée interministérielle par intérim à la Sécurité routière : "cette campagne est un manifeste pour un partage de la route pacifiée". Il est vrai que la "guerre" fait rage sur l'asphalte à Marseille, et peut-être bien plus qu’ailleurs. Le baromètre M Publicité-Kantar révèle que huit Français sur dix se disent respectueux du code, mais seuls trois sur dix estiment que les autres le sont. Un malentendu, sans doute, qui rend épineuse la cohabitation dans l'espace public.

"La peur est là" 

À Marseille, la discussion avec les usagers se fait en douceur. Ce mercredi 15 octobre, le vélo-cargo de la sécurité routière s'arrête sous l’ombrière du Vieux Port. Une distribution de boissons chaudes s’organise pour établir le contact. Sophia, échange avec les passants et partage son expérience : "j'ai pu constater depuis ce matin, qu'il y a deux groupes, explique l’équipière de la Sécurité routière, d'un côté les piétons et conducteurs qui ont peur des trottinettes et des vélos et de l’autre, les cyclistes et trottinettistes qui ont peur des automobilistes, mais dans les deux camps, la peur est là".

Ce mercredi 15 octobre, le vélo-cargo de la sécurité routière s'est arrêté sous l’ombrière du Vieux Port. Une distribution de boissons chaudes s’organise pour établir le contact avec les usagers. © Laure Bolmont / FTV

Cette peur, une habitante du 11ᵉ arrondissement dit la vivre au quotidien,"des jeunes qui font des roues arrière en scooter dans mon quartier, j'ai toujours l'angoisse d’un mauvais dérapage devant mon capot " mais surtout, elle se souvient d’un incident marquant, quelques semaines auparavant. La quadragénaire raconte qu'elle a osé "rouspéter" contre "un deux-roues qui avait fait une queue de poisson". Elle reconnaît avoir paniqué et cédé à de l'intimidation. "Le jeune est revenu à ma hauteur, puis est reparti, puis au feu, il est revenu à côté de moi, j’ai gardé la fenêtre fermée et je n'ai rien dit, j'ai eu peur qu'il me casse ma voiture".

"Il ne faut rien dire et accepter"

Les témoignages sont unanimes. "À Marseille, au volant, c'est des fous", lance cet ex-Marseillais vivant aujourd’hui à Toulouse, qui évoque "le Far West" dans les rues de la ville : "les gens foncent, klaxonnent, insultent, il n'y a aucun respect des feux rouges, des piétons, c'est violent". Sirotant un thé brûlant, derrière des lunettes de soleil, une habitante du centre-ville avoue se sentir "en danger en tant que piéton,  mais ici, il vaut mieux ne pas parler, il ne faut rien dire et accepter". Enfin, ce retraité confie redouter les insultes, les menaces, avec la perspective d'un passage à l'acte, "on sent parfois que ça peut arriver vite"

Il faut regarder l'autre, ne pas imaginer qu'on est seul, qu'on est roi dans notre mobilité, mais bien effectivement qu'on est plusieurs et qu'il faut vivre ensemble.

Michèle Lugrand, déléguée interministerielle par intérim de la Sécurité routière

France 3 Provence-Alpes

Le 27 septembre, un jeune homme de 23 ans était poignardé lors d’une altercation au volant au Mans (Sarthe). "La mort de Paul Varry avait déjà marqué un tournant, explique Michèle Lugrand, cette tragédie s'inscrit tout à fait dans le climat relationnel sur la route qui se dégrade dramatiquement".

"La rage au volant"

Dans un rapport de juin 2024, l'Observatoire National interministériel de la sécurité routière s'appuyait sur la définition de chercheurs américains pour définir l'agressivité au volant comme relevant de "tous comportements intentionnels alimentés par de la colère ou de la frustration, mettant en danger les autres usagers de la route que ce soit psychologiquement et/ou physiquement". La "rage au volant" renvoyant aux cas les plus extrêmes de conduite agressive.

Michèle Lugrand rappelle que "le code de la route, n'est pas là pour embêter les gens, mais pour permettre à tous de circuler librement" et rappelle que cette opération intervient dans un contexte de mortalité routière à la hausse :  9% de plus au mois de septembre, en France métropolitaine ,par rapport au même mois l'an dernier.

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