Le Canard Enchaîné révèle ce mercredi 4 juin les dessous du nettoyage du métro marseillais. Entre les grèves, les salaires mirobolants et les irrégularités dans la gestion de l'entreprise prestataire, l'enquête fait le point sur un dossier pas très net.
"Je n'ai jamais vu de métro aussi sale". Ce mercredi 4 juin à la station Noailles à Marseille, les usagers matinaux doivent slalomer entre les déchets avant d'accéder aux quais. La veille, la ligne 2 du métro a été interrompue plusieurs heures à la suite d'un droit de retrait des salariés de la RTM qui dénoncent l'état "inadmissible" des installations. Au cœur du problème : la gestion du nettoyage de ces 28 stations, épinglée par le Canard enchaîné.
"La mainmise d'un clan sur le nettoyage du métro coûte cher aux Marseillais". C'est le titre de l'enquête parue ce mercredi dans les colonnes du Canard. Le "clan" en question, n'est autre que l'entreprise Laser Propreté. Une entreprise qui porte mal son nom, selon la RTM, qui, face à la saleté chronique du métro et aux grèves à répétition, a décidé de résilier le contrat de nettoyage, en septembre dernier. L'essentiel des salariés a depuis été repris par Atalian, autre entreprise nationale du secteur. Un changement de nom, donc, mais pas de main d'œuvre. Et le conflit de s'enliser
Un patron au salaire à cinq chiffres
Le Canard enchaîné pointe notamment le rôle de Kamel Djeffel, secrétaire national du syndicat CAT Nettoyage, et son influence. Selon les informations du journal, ce dernier, qui a fait recruter des membres de sa famille, a pu bénéficier d'un salaire à cinq chiffres. 12 000 euros bruts mensuels, avant de passer à 17 400 euros en août 2024, 70 000 pour l'ensemble des 14 représentants du personnel.
"Protégés par leur statut, ils travaillent peu (ou pas du tout)", "avec téléphones, véhicules de fonction et carte de carburant", ajoute le Canard en s'appuyant sur un rapport réalisé par l’administrateur judiciaire de Laser.
Des salariés gâtés
Kamel Djeffel n'a pas été gardé par Atalian. L’inspection du travail a refusé son transfert, en février dernier, bien que celui-ci la réclamait devant la justice. Sa rémunération était au-delà des minima conventionnels du secteur. Mais comme le rapportent nos confrères, même parmi les salariés repris par Atalian, "plusieurs jouissent de ces avenants princiers qui font s'envoler la facture".
D'autant que ce personnel bénéficie, selon le Canard, d'un statut de "salarié protégé", et n'hésiterait pas à en abuser. La dernière semaine de mai, plusieurs dizaines de salariés ont envahi les locaux de la RTM pour protester contre les contrôles qualité.
Le bras de fer entre la régie des transports marseillais et les employés chargés du nettoyage se poursuit donc, en ce début juin. Aux touristes et aux Marseillais d'en subir les conséquences.