Grève du 18 septembre : plus de 90 % des pharmacies fermées dans les Ardennes, l'Aube, la Marne et la Haute-Marne

Ce 18 septembre, plus de neuf pharmacies sur dix situées en Champagne-Ardenne resteront portes closes. Une mobilisation inédite pour protester contre la réduction de la marge des officines sur les médicaments génériques. Les professionnels se disent inquiets quant à la pérennité des pharmacies, notamment en zone rurale.

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Plus de 90 % des pharmacies des Ardennes, de l'Aube, de la Marne et Haute-Marne baisseront le rideau jeudi 18 septembre 2025, à l'occasion d'une journée de mobilisation nationale initiée par les syndicats. À Reims (Marne), les pharmaciens, préparateurs et étudiants en pharmacie entameront une marche depuis la sous-préfecture à 14 heures, pour rejoindre la Caisse primaire d'assurance maladie.

Cette mobilisation a pour but de protester contre un arrêté ministériel du 4 août dernier qui réduit la marge des officines sur les médicaments génériques. Justifié par la volonté de faire réaliser des économies à la Sécurité sociale, l'arrêté plafonne la remise des médicaments génériques par les laboratoires à 30 % depuis le 1er septembre, contre 40 % auparavant. D'ici 2027, il chutera à 20 %.

Deux préoccupations majeures font gronder les professionnels du secteur : l'équilibre budgétaire et en conséquence, la difficulté de maintenir à flot les officines, notamment en milieu rural. "Avec cet abaissement du plafond de remise, on perdrait environ 30 000 euros de budget annuel, ce qui reviendrait à devoir licencier une personne. Il y a environ 20 000 officines en France : ce sont donc 20 000 emplois fragilisés", s'inquiète Pierre Kreit, président du syndicat des pharmaciens de la Marne.

"À l'échelle nationale, nous avons perdu 10 % de pharmacies en dix ans"

"Dans les déserts médicaux, il ne reste parfois que la pharmacie pour résister. En fin de compte, ce sont aussi les patients qui vont être lésés", poursuit le représentant syndical. "Dans certaines communes, il n'y a plus de médecin, il ne reste plus que la petite pharmacie rurale pour faire le lien avec le patient", abonde Fabrice Camaioni, président du syndicat des pharmaciens des Ardennes et vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Dans les Ardennes, un des territoires en proie aux déserts médicaux, c'est la totalité des 101 officines qui fermera boutique pour cette journée de grève."La prochaine étape, c'est le désert pharmaceutique", s'alarme Fabrice Camaioni, également titulaire d'une officine à Revin. "À l'échelle nationale, nous avons perdu 10 % de pharmacies en dix ans", avance-t-il.

Dans les déserts médicaux, il ne reste parfois que la pharmacie pour résister.

Pierre Kreit, président du syndicat des pharmaciens de la Marne

Si la grève nationale entend mobiliser plus de 90 % des pharmacies en Champagne-Ardenne, une telle mobilisation reste inhabituelle au sein de la profession. "On en est déjà à trois fermetures sur un seul mandat [30 mai 2024, 16 août et 18 septembre 2025] c'est inédit", énumère Julie Vandeputte, co-présidente de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) de l'Aube.

La pharmacie de Saint-Julien-las-Villas s'organise pour faire connaître ses revendications © Julie Vandeputte, co-présidente de l'USPO Aube

Titulaire d'une officine à Saint-Julien-las-Villas, au sud de Troyes, la pharmacienne entend lutter par divers moyens. "Je communique beaucoup avec ma patientèle, j'ai mis une affiche de trois mètres dans la vitrine, je fais signer des pétitions au comptoir et je poste sur mes réseaux sociaux", explique-t-elle. Pour cette dernière,"fermer est la seule solution pour être entendu par les élus, sans que ça impacte trop la patientèle". "C'est tout un système de santé qui est en souffrance, et l'on est une des pierres de l'édifice qui est en train de s'effondrer", dit-elle préoccupée.

C'est tout un système de santé qui est en souffrance, et l'on est une des pierres de l'édifice qui est en train de s'effondrer.

Julie Vandeputte, pharmacienne et co-présidente de l'USPO Aube

Aux côtés des pharmaciens et préparateurs défileront aussi les étudiants en pharmacie de Reims, inquiets notamment pour la pérennité de leur emploi étudiant. "Dès la troisième année d'étude, nous pouvons travailler en tant que préparateurs en pharmacie mais nous sommes à temps partiel, ce sont les emplois les plus faciles à supprimer", expliqueThibaud Mansuy, président de l'association des étudiants en pharmacie de Reims.

Les étudiants s'associent au mouvement

Ces derniers revendiquent aussi et surtout le développement de nouvelles missions pour le pharmacien, à savoir la prévention et l'accompagnement des patients, et souhaitent afficher leur soutien à la réforme du troisième cycle - qui permet de réaliser un premier stage en milieu urbain et un second en milieu rural. "En tant que futurs professionnels, on défend les petites officines qui sont parfois le dernier lien avec les patients", continue l'étudiant.

Thibaud Mansuy semble plutôt optimiste face aux potentielles retombées de la mobilisation prévue ce 18 septembre, notamment grâce au "changement de gouvernement en cours". "On va crier, faire entendre nos voix. Nous espérons faire abroger l'arrêté", conclut à son tour le président du syndicat des pharmaciens de la Marne, Pierre Kreit.

Pour prévenir un engorgement des urgences lié à la fermeture des pharmacies, l'Agence régionale de santé pourrait réquisitionner certaines officines, qui seraient alors obligées d’assurer l’ouverture.

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