Alors que l’été rime pour beaucoup avec vacances, d'autres enfilent leurs bottes et montent en tracteur. Chaque année, les saisonniers agricoles deviennent indispensables pour les récoltes estivales. Du lin au fumage de l’ail, immersion dans le quotidien de ces jeunes travailleurs qui font tourner les exploitations du Nord.
C'est l'été mais ils ne partent pas en vacances. Les saisonniers agricoles apportent leur main-d’œuvre aux agriculteurs pendant cette période de récoltes.
Du travailleur saisonnier...
À Nomain (Nord), employé par un grossiste en lin pour deux mois, Victor Deconnynck, saisonnier aguerri est au volant d'un tracteur, les yeux rivés sur le champs fraîchement coupé. Pour la seconde année, il s’occupe de la récolte de la parcelle. "Après l'arrachage et le retournage, on enrôle le lin, c’est-à-dire en faire une boule pour le transporter."
Cet été, il est employé par un grossiste en lin. L’entreprise Decock S.A augmente ainsi son volume de salariés d’un tiers juste le temps de la récolte. "Le lin doit être récolté à un moment bien précis, il y a une chose que l'on ne contrôle pas, c'est la météo" déplore son gérant Gauthier Decock. "Donc il nous faut beaucoup de monde lors d'une courte période pour pouvoir récolter le lin dans les meilleures conditions."
Une aubaine pour Victor, vingt-trois ans, chauffeur saisonnier, qui se rend d'exploitation en exploitation : "Je peux choisir le travail que j'ai envie de faire," expose-t-il franchement. "Ce qui me plaît, c'est que je suis à l'extérieur, on conduit des machines de dernière génération et des cabines avec la climatisation c'est confortable," se réjouit-il. "Et puis, nous sommes jamais seuls et ça, c'est vraiment bien : On évolue en équipe et on grandit en équipe."
Que lui apporte ce métier ? "Je rencontre différents agriculteurs, je vois tous types de cultures mais surtout tous types de méthodes différentes." Au mois de septembre, une autre récolte l'attend, celle de la pomme de terre.
Au job d'été
À Fressain (Nord), dans cette autre exploitation, Paul Nicaise trie et conditionne son trésor, l’ail fumé d’Arleux et dont le fumage vient de se terminer. L'été, ce cogérant de la ferme Nicaise, peine à trouver de la main-d’œuvre : "Les mois de juillet et août représentent une grosse période pour l'ail et pour beaucoup de monde, c'est la période des vacances, il est difficile de trouver du personnel." C'est tout naturellement, qu'il s’est octroyé l’aide de trois étudiants dont Hannah Mesurolle, 18 ans, qui vit sa première expérience professionnelle : "Je suis en train de dépendre les tresses d'ail qui a été fumé pendant dix jours," dit-elle.
En BTS Métiers agricoles, ses vacances d'été, sont certes raccourcies mais ce travail lui permet de financer une partie de sa vie étudiante. Avec ses collègues elle fait des allers et retours dans le fumoir : " J'ignorais que l'ail nécessitait autant de travail. Il a été nettoyé, les différentes têtes ont été tressées, puis les tresses d'ail ont été pendues entre sept et dix jours dans le fumoir avec de la sciure de bois de hêtre et de chêne."
" Je profite de cet emploi pour gagner de l'argent mais en même temps, je découvre d'autres choses. Car, en ce qui concerne, l'ail, je n'avais jamais entendu parler de sa culture, j'ignorais qu'il y avait autant de travail à effectuer."
Un simple job d’été pour Hannah ou une façon de réinventer son métier comme Victor, l’emploi saisonnier représente près d’un tiers des recrutements dans la région cette année. Quant à la récolte du lin, tous types de profils sont acceptés, issus du milieu agricole ou non. En interne, des formations aux machines sont dispensées, une occasion d'acquérir diverses expériences professionnelles.
Un reportage de Léo Marron et Sergi Rosenstrauch
