"Sans nous vos rayons seraient vides", des agriculteurs passent à l'action pour dénoncer la censure du Conseil constitutionnel

Des syndicats agricoles du Pas-de-Calais se sont mobilisés mercredi 3 septembre 2025 après-midi. Dans le cadre du vote de la loi Duplomb, le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions autorisant la réintroduction de l'acétamipride. Une dizaine d'agriculteurs rassemblés au Auchan d'Arras (Pas-de-Calais) ont réalisé une opération de communication.

L’actu des régions
Chaque jour, un tour d’horizon des principales infos de toutes les régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L’actu des régions". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est la première fois qu'ils se mobilisent depuis que le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions autorisant la réintroduction du pesticide de l'acétamipride, le 7 août dernier. Dans un supermarché d'Arras (Pas-de-Calais), mercredi 3 septembre 2025 après-midi, une dizaine d'agriculteurs se sont rassemblés.

Pour revendiquer contre la décision des Sages du Conseil constitutionnel, dans le supermarché arrageois, une dizaine d'agriculteurs ont collé des étiquettes sur lesquelles il est écrit "sans les agriculteurs vos rayons seraient vides"

Des affiches dénonçant la présence d'acétamipride ont aussi été apposées dans les étals.  Des produits comprenant de l'acétamipride ont été récoltés dans des caddies et mis en évidence aux yeux des clients. "On a trouvé dans le magasin des produits venant d'autres pays comme de la pâte à tartiner ou de l'huile d'olive. Ces aliments contiennent de l'acétamipride", déclare un agriculteur mobilisé. 

Les syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs perçoivent cette opération de communication comme symbolique. Fin août 2025, une action similaire avait eu lieu dans un supermarché de Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais). L'objectif est clair : "Sensibiliser les consommateurs au quotidien des agriculteurs"

"On demande des solutions de la part du gouvernement"

Sans pesticides, des produits français comme la betterave ou la noisette se retrouvent lésés face à la concurrence. En effet, en Allemagne ou en Italie, l'acétamipride se retrouve dans les produits de grande surface.

"Nous dénonçons les absurdités actuelles", lance Guillaume Wullens, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves du Nord-Pas-de-Calais (CGB). Le représentant syndical craint que la filière française de la betterave ne s'effondre. "Sur le marché européen, tout le monde peut utiliser l'acétamipride sauf nous, regrette-t-il. Une concurrence déloyale va s'installer." L'agriculteur parle "d'injustice".

En France, les filières de la betterave sucrière et de la noisette jugent l'acétamipride comme indispensable. Ce produit lutte contre des insectes qui ravagent de plus en plus les cultures. La loi du sénateur Laurent Duplomb prévoyait la réintroduction de ce produit interdit depuis 2018. Adopté par l'Assemblée nationale le 9 juillet 2025, un mois plus tard, le Conseil constitutionnel a émis un avis défavorable concernant le retour du pesticide.

Je demande que les instances publiques se penchent vite sur le sujet.

Guillaume Wullens, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves

Cette décision a de quoi mettre en colère Guillaume Wullens. "Pour l'avenir de mes cultures, je demande que les instances publiques se penchent vite sur le sujet", insiste l’agriculteur. Sans ce produit, il craint que ces cultures soient de plus en plus ravagées par des nuisibles et que ces rendements baissent. Pour remédier à cela, le représentant syndical demande que des indemnisations soient prévues. "On demande des solutions de la part du gouvernement", affirme-t-il.

"Je vais être à sec"

Pucerons ou chenilles, avec le dérèglement climatique, ces insectes souvent ravageurs sont de plus en plus présents dans les cultures. Sans acétamipride, Nicolas de Diesbach, cultivateur de betteraves mais aussi producteur de pommes se sent "désarmé".

Pour traiter mes pommes, comme pesticide, je pouvais encore utiliser du Movento mais en novembre 2025, ça sera interdit.

Nicolas de Diesbach, agriculteur dans le Pas-de-Calais

"Pour traiter mes pommes, comme pesticide, je pouvais encore utiliser du Movento mais en novembre 2025, ça sera interdit, raconte l'agriculteur. Je vais être à sec pour protéger mes cultures." Nicolas de Diesbach explique qu'il existe d'autres pesticides homologués mais selon lui ils ne "luttent pas suffisamment contre les insectes".

Mercredi 3 septembre 2025, l'agriculteur a participé à la mobilisation d'Arras. "On va montrer qu'on ne lâche pas. Il y a un enjeu d'autosuffisance. On doit pouvoir nourrir la population", souligne l'agriculteur du Pas-de-Calais.

La réaction politique

Lundi 1er septembre, Laurent Duplomb, sénateur à l'initiative de la loi visant à "lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur", dans une interview au Brettravier, revenait sur la censure du Conseil constitutionnel concernant l'acétamipride.

L'homme politique considère que la décision du Conseil constitutionnel n'est "pas tout à fait une censure".

Le Conseil constitutionnel ne censure pas l’idée de réintroduire l’acétamipride. En revanche, il dit : vous n’avez pas suffisamment encadré sa réintroduction.

Laurent Duplomb, sénateur, interviewé par le Bettravier

"Le Conseil constitutionnel ne censure pas l’idée de réintroduire l’acétamipride. En revanche, il dit : vous n’avez pas suffisamment encadré sa réintroduction", étaye Laurent Duplomb. L'institution avait argumenté sa décision en invoquant la Charte de l’environnement.

Ce n’est pas votre région ?

Voir l’actualité de toutes les régions
Recevez tous les jours les principales informations de votre région

Ma quotidienne régionale

Recevez tous les jours les principales informations de votre région
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité