Ce samedi 22 février 2025 à la résidence sénior de Calais s'est tenu un anniversaire particulier, celui de Roger Letrun, 105 ans, doyen de la commune. L'occasion pour le centenaire et sa famille d'échanger leurs souvenirs autour de cette célébration.
Roger Letrun affiche un dynamisme à toute épreuve. Le secret de sa longévité ? Ses dix minutes de vélo électrique par jour, une routine à laquelle il ne déroge pas même en ce jour de fête, partagé avec sa famille et les autres résidents de la maison pour seniors Domitys, à Calais.
Natif de la ville de Saint-Quentin, dans le département de l'Aisne, le centenaire a élu domicile dans le Calaisis pour se rapprocher de son fils, participant à la cérémonie d'accueil des nouveaux habitants de la commune à l'automne 2024. Père de quatre enfants, grand-père de neuf petits-enfants et onze fois arrière-grand-père, l'aîné rassemble autour de lui plusieurs générations, qui prennent plaisir à partager ses souvenirs de jeunesse.
Ensemble, ils consultent un album d’archives, fait de photos et d’extraits de journaux, "toutes ses reliques", sourit Roger. On y trouve son permis de conduire, ou un article de presse locale soigneusement découpé et plastifié : une voiture remportée à la suite d'un concours organisé autour des plus beaux mariages.
Veuf à l'âge de 49 ans, il s'est remarié avec Marie-Jo, qui réside, elle aussi, à Domitys. "Ce qui me rassure, c'est qu'il est en bonne santé, mais dès qu'il y a un petit quelque chose, c'est panique à bord" confesse-t-elle, plus jeune que lui d'une dizaine d'années.
"Je bricole et travaille encore"
À 13 ans et demi, Roger Letrun entre au service comptabilité du Crédit Lyonnais. Il se souvient d'une époque où toutes les opérations étaient menées à la main avant "que les machines n'arrivent et que l'on ne voie plus rien". Il s'amuse d'avoir bientôt passé plus de temps à la retraite qu'au travail, 47 années de labeur contre 45 années de "repos" à voyager.
Marqué par la Seconde Guerre mondiale, qui occupe une place importante dans ses récits, Roger convoque avec émotion ses mémoires. "J'étais réfractaire, j'avais tout juste vingt ans", se souvient celui dont les deux derniers camarades de régiment sont décédés, et qu'il salue, ému aux larmes "eux c'étaient des frères". Interrogé sur son plus beau souvenir, il raconte la Libération. Plusieurs fois, alors qu'il travaillait dans un garage, il s'est caché dans les toilettes pour échapper aux visites des soldats allemands.
Le centenaire est conscient de sa forme. "Je n'ai jamais été malade, je ne sais pas ce que j'avais dans le corps ", plaisante-t-il. "Pourtant je bricole et travaille encore", déclare Roger avec malice. La fête organisée pour son 105ᵉ anniversaire lui plaît, "bien organisée, bien droite", à son image.
Je n'ai jamais été malade, je ne sais pas ce que j'avais dans le corps
Roger Letrun, doyen de la ville de Calais
Concerts et chants sont au programme, pour honorer le doyen, mais aussi les trois - bientôt quatre - autres centenaires de la résidence Domitys. "Il faut mener sa vie tranquille, ne pas exagérer et on est bien", affirme M. Sauvage, tout juste cent ans, sur le secret de sa forme. "Et manger beaucoup de poisson !", renchérit sa femme. Les trois résidents centenaires sont les stars de l'établissement, en atteste la petite statuette dorée qui leur a été remise pour l'évènement, qui rappelle les trophées des cérémonies de cinéma américaines. Le directeur de la résidence prévoit l'élaboration d'un projet dans lequel les aînés pourront raconter leurs souvenirs.
La maire de Calais, Natacha Bouchart, était présente pour célébrer l'anniversaire de M. Letrun et des autres résidents. La commune compte une quinzaine de centenaires parmi ses habitants.
Article écrit avec Virginie Demange, journaliste à France 3 Hauts-de-France
