Najib Bayoumi, collaborateur parlementaire du sénateur (PS) de la Somme Rémi Cardon, a déposé plainte pour diffamation contre Philippe Théveniaud, suppléant (RN) du député Jean-Philippe Tanguy et conseiller municipal d'Amiens. Ce dernier avait posté une photo de Najib Bayoumi brandissant le drapeau de l'Algérie.
Le 15 mai, Philippe Théveniaud, conseiller municipal (RN) d'Amiens et suppléant du député de la Somme Jean-Philippe Tanguy, a publié sur son comtpe Facebook une photo de plusieurs personnes brandissant le drapeau de l'Algérie. Les visages sont floutés, mais la légende indique : "Tiens, une photo du Courrier Picard du collaborateur d'un parlementaire de la Somme. Il préfère l'Algérie à la Farnce ! Sans commentaire..."
"C'est fait pour provoquer des commentaires racistes"
Najib Bayoumi, collaborateur parlementaire du sénateur de la Somme Rémi Cardon et porte-parole de la fédération départementale du PS, se reconnaît sur la photo. Elle est effectivement issue du Courrier Picard, dans un article de 2019 sur la victoire de l'équipe de football d'Algérie à la Coupe d'Afrique des Nations. Une simple photo parmi d'autres pour illustrer la célébration ce soir-là à Amiens. D'après Najib Bayoumi, ni son nom ni son prénom ne sont mentionnés dans l'article.
J’ai déposé plainte contre Philippe Theveniaud, député suppléant RN de Jean-Philippe Tanguy et conseiller municipal d’Amiens.
— Najib Bayoumi (@NajibBym) May 15, 2025
Cet élu de la République a détourné une archive de presse avec le commentaire suivant : « Tiens, une photo du Courrier Picard du collaborateur d'un… pic.twitter.com/wa5B7H9TyD
Il décide rapidement de déposer plainte pour diffamation, en raison notamment de la légende qui accompagne la publication. "Ces propos ne sont pas seulement racistes et essentialisants. Ils sont une incitation à la haine", estime-t-il dans un post sur X annonçant son dépôt de plainte.
Joint par téléphone, il précise : "Ça suffit ce genre d'intimidations. C'est fait pour provoquer des commentaires racistes. Sur les réseaux sociaux, j'ai des photos avec des drapeaux de la Croatie, de l'Espagne, de l'Italie, et c'est celle avec le drapeau de l'Algérie qu'il est allé chercher, en disant que je préfère l'Algérie à la France."
"J'ai trouvé ça choquant qu'un jeune Français brandisse le drapeau d'un autre pays"
Sous la publication, il constate effectivement que des internautes ont publié des commentaires à caractère raciste : "le mal du pays sans doute, on ne les retiens pas (sic)", "qu'ils prenne avion (sic)", ou encore "dehors". Mais l'élu du Rassemblement national se défend de toute intention d'incitation à la haine. "Par rapport à mes valeurs chrétiennes, je respecte les personnes, c'est pour ça que je n'ai pas mis son nom et j'ai caché le visage", assure Philippe Théveniaud.
Il dit ne pas avoir cherché cette photo. "C'est quelqu'un qui me l'a envoyé, et j'ai trouvé ça choquant qu'un jeune français brandisse le drapeau d'un autre pays. J'ai des origines espagnoles, mais je ne brandis pas le drapeau de l'Espagne." Il assure qu'il n'a rien contre Najib Ayoumi et ne pas le connaître, mais ajoute : "les jeunes issus de l'immigration sont Français, et leur drapeau, c'est le drapeau tricolore. J'ai tout fait dans ma vie pour que ces jeunes soient intégrés et fassent confiance à notre pays".
Un "humour" qui ne fait pas du tout rire Najib Bayoumi. Il estime que cette publication dépasse le cadre du désaccord politique naturel entre la gauche et l'extrême droite. "La visée est de faire taire les critiques à leur égard sur des sujets de fond politique. On est en démocratie, on peut être en désaccord, mais là il s'agit d'attaquer une personne. Ce niveau-là n'a jamais été atteint", affirme-t-il. Sous son post sur X, il a reçu de nombreux messages de soutien.
À ce jour, la publication originale a disparu de la page Facebook du conseiller municipal RN. "Il a certainement eu un éclair de lucidité en se disant que c'était assez 'borderline', et que ça ne s'inscrivait pas dans la logique de dédiabolisation", ironise Najib Bayoumi. Mais Philippe Théveniaud assure de son côté qu'il n'est pas à l'origine de la suppression du post, qu'il impute à Meta, "sûrement parce que quelqu'un a dû la signaler". Depuis, les deux hommes ne sont pas entrés en contact. "Il essaye de faire le buzz, il y a d'autres soucis dans le pays. J’ai autre chose à faire que de rentrer dans ces polémiques au ras des pâquerettes", conclut l'élu d'extrême-droite.