Deux morts et de nombreux blessés. Le 4 mars 1976, à Montredon, un vigneron et un CRS sont abattus au cours d'une manifestation des viticulteurs audois. 40 ans plus tard, la commémoration de Montredon reste incontournable pour le monde viticole du Languedoc-Roussillon.

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Hiver 1976. La crise viticole est à son paroxysme dans l'Aude. Le 4 mars, après une série d'interventions, les manifestants bloquent le pont de Montredon, près de Narbonne, pour verrouiller la route nationale 113 et la voie ferrée. Vers 14h30, deux compagnies de CRS arrivent sur les lieux. Des coups de fusil de chasse retentissent. Les CRS répliquent.
Le commandant Joël le Goff, 42 ans, est mortellement touché. Juste après, un vigneron, Emile Pouytès, 50 ans, reçoit une balle dans le front et meurt à son tour. La fusillade, qui fait de nombreux blessés, s'arrête au bout de vingt minutes. Dans la soirée, la “démobilisation provisoire” est décrétée. Pour tous, c'est la sidération. Viticulteurs et pouvoirs publics sont abasourdis devant ce déchaînement de violence.

Retour en images, grâce aux archives de l'INA sur l'affontement sanglant de Montredon sur fond de crise viticole.
Avec l'INA, Philippe Bard retrace le contexte de la crise viticole languedocienne et son paroxysme à Montredon. ©Archive 2006. F3LR


Le contexte de la crise viticole


Baisse de la consommation du vin de table en France, concurrence de plus en plus forte des vins étrangers. En 1976, les viticulteurs du Languedoc-Roussillon sont désespérés. La région, qui a déjà connu les grands soulèvements des vignerons au début du siècle qui ont fait 7 morts parmi les manifestants en 1907, devient l'enjeu principal de la politique viticole. Le 29 décembre 1975, 5.000 professionnels bloquent le port de Sète pour faire barrage aux pinardiers italiens et vident les cuves.
ARCHIVES. Hiver 1975. 5000 vignerons en colère vident les cuves des pinardiers italiens à Sète. © F3LR

À la fin de l'hiver, les réformes proposées par le ministre de l'Agriculture de l'époque, Jacques Chirac, sont jugées trop timides par les syndicats de producteurs. Le Comité d'Action Viticole durcit le ton. Et le sud de la France est à nouveau en ébullition. C'est lors d'une manifestation organisée à Montredon pour bloquer la route et le train que tout va dégénérer.

Plus jamais ça


"On ne doit plus revoir ça. On a brisé la vie de deux familles".
ARCHIVES. Recueillement massif, en 1976, lors de l'enterrement des victimes de Montredon. © F3LR/INA

C'est André Salles, ancien viticulteur de Coustouges, qui résume ainsi l'état d'esprit des vignerons après le drame de Montredon. Régulièrement, des commémorations sont organisées pour garder l'évènement en mémoire. La plupart ont lieu à des dates anniversaire. Mais d'autres résonnent comme des mises en garde contre les violences subies par les viticulteurs eux-mêmes. Ainsi en 2002, alors que la viticulture du Languedoc-Roussillon est en pleine crise, un millier de viticulteurs de toute la région se mobilise à Montredon.

2002, mobilisation record à Montredon


Cette année-là, ils viennent commémorer les affrontements dramatiques mais aussi soutenir Jean-Luc Granier, un viticulteur condamné à six mois de prison pour avoir participé au sacages des locaux montpelliérains de la répression des fraudes. Le contexte de l'époque est a nouveau très tendu. Les différents syndicats viticoles appellent à une large participation et sont entendus. Une mobilisation qui suit une série d'événements: destruction à l'explosif d'installations ferroviaires dans l'Hérault, nuit «tag» dans tout le Languedoc- Roussillon pour soutenir Jean-Luc Granier. 
En 2002, forte mobilisation à Montredon autour du viticulteur Jean-Luc Granier qui dépose une gerbe pour les deux victimes de 1976. © Dominique FAGET.AFP

Ce jour là, la commémoration de Montredon signifie que les vignerons restent mobilisés. Et pour l'occasion, le viticulteur condamné, Jean-Luc Granier, accompagne la famille d'Emile Pouytes, le vigneron tombé en 1976 à Montredon, lors du dépôt de gerbes devant sa stèle puis devant celle de la deuxième victime, le commandant des CRS Joël Le Goff.

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