À l'occasion des journées du patrimoine, le jardin Rosa Mir de la Croix-Rousse, qui se visite au compte-goutte, ouvre un peu plus largement ses portes. L'occasion de découvrir ce chef-d'œuvre d'art brut et son histoire.
La visite du petit jardin Rosa Mir est toujours une surprise : "On était loin de se douter qu'il existait ce jardin en plein centre-ville de Lyon. On ne peut pas imaginer les heures de travail pour fabriquer tout ça", indique un autre visiteur. Ils ne sont qu'une poignée de privilégiés à pouvoir le visiter chaque année. L'étonnant site est caché entre les immeubles au cœur de la Croix-Rousse. Un jardin fragile conçu par Jules Sénis Mir. Il se visite sur rendez-vous.
"J'essaye de le visiter depuis plusieurs années et c'est la première fois qu'on a réussi à avoir un rendez-vous. C'est très beau. C'est encore plus beau parce que c'est un Espagnol qui l'a construit et je suis Espagnole", explique une touriste.
Vœu pieux
Situé au pied de l'immeuble où habitait Jules Sénis Mir, ce terrain devait au départ servir à entreposer du matériel avant de devenir l'œuvre d'une vie. Rien ne prédestinait ce maçon espagnol, installé à Lyon pour fuir le Franquisme, à réaliser ce chef-d’œuvre d'art brut.
"En 1952, peu après son arrivée à Lyon, il est atteint d'un cancer de la gorge qui l'oblige à rester pratiquement trois ans à l'hôpital et durant son séjour il fait un vœu : si la maladie le quitte, il construira un jardin extraordinaire en hommage à sa maman Rosa Mir Mercader," explique Valérie Ferrand, médiatrice pour Lyon Nature. Un hommage à sa mère et à la Vierge.
Jardin de rocailles
Agaves, Joubarbes, cactus, ce jardin de rocailles de près de 250 m² est composé essentiellement de plantes méditerranéennes. Jules Sénis Mir a mis près de deux décennies à le réaliser. "Dès qu'il avait du temps libre, il venait dans le jardin pour coller les pierres, les coquillages. Il en a beaucoup de coquillages. Il y a environ 2500 coquilles Saint-Jacques, uniquement des coquilles Saint-Jacques. Le reste, on n'a jamais pris le temps de compter et il n'y a pas d'écrits. Jules Sénis Mir n'a pas laissé d'écrits ou de plans, tout était dans sa tête", poursuit Valérie Ferrand. Outre les coquillages, l'artiste autodidacte a utilisé des galets de rivières, du granit, des pierres dorées des Monts d'Or ou encore de la pierre blanche de Savoie."Il a voulu recréer une atmosphère méditerranéenne et ramener un petit bout d'Espagne à Lyon", conclut cette dernière.
Racheté par la ville de Lyon en 1987, le jardin Rosa Mir a fait l'objet d'une importante rénovation. Rouvert en 2016, après cinq ans de travaux, le lieu ne se visite que le samedi après-midi ou bien sur rendez-vous. Un accès restreint pour protéger l'édifice. Pour les journées du Patrimoine, il sera exceptionnellement accessible durant tout le week-end. Les curieux peuvent aussi le découvrir grâce à une visite virtuelle.
Article rédigé à partir du reportage de J.Sauvadon et A.Laurent.
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