Le procès de Tom Félix, 33 ans, s’est ouvert ce lundi à Alor Setar, en Malaisie. Cet ancien cadre du groupe Veolia est détenu depuis deux ans, accusé de détention et trafic de stupéfiants. Ses parents, sur place, ont pu assister à l'audience avant qu’elle ne soit suspendue.
“Il était blanc, il était fatigué avec des marques rouges de partout.” Après des mois d’attentes interminables, Sylvie Félix a pu enfin voir son fils sur le banc des accusés. "On est contents que le procès ait démarré. Tom ne va pas encore être entendu ce jour. Pour l'instant, c'est l'accusation qui doit apporter les preuves".
Le procès de Tom Félix, 33 ans, s’est ouvert ce lundi devant la Haute Cour criminelle de Alor Setar, ville située dans le nord-ouest de la Malaisie. Il est accusé de détention et trafic de stupéfiants. Depuis deux ans, il clame son innocence et encourt "la peine de mort, ou 104 années de détention cumulées, 54 coups de bâton et une amende de 27.000 euros".
“ Depuis son transfert de la prison à Alor Setar, il ne mange pas. Il a amené avec lui sa brosse à dents, ses affaires et ses livres mais ils ne lui donnent pas accès.”
Sylvie FélixMaman de Tom
Cette nouvelle étape judiciaire annonce-t-elle la fin du calvaire pour ce Français originaire de Bourgogne ? C’est ce que souhaitent Sylvie et Jean-Luc Félix, les parents du jeune homme qui vivent un cauchemar. Ils étaient présents à l'ouverture du procès : "tout peut arriver dans le meilleur comme dans le pire," souffle Sylvie, enseignante au Lycée français de Singapour tout comme son mari.
Procès suspendu jusqu'à mardi
Le procès qui doit durer jusqu'à jeudi a été suspendu en fin de matinée et doit reprendre mardi : “Le premier témoin de l’accusation n’avait pas tous les éléments. Alors le juge a interpellé le procureur pour lui dire qu'il fallait absolument que tous les témoins (...) soient présents dès maintenant et que toutes les preuves soient remises”, précise la mère du jeune homme.
“On est quand même inquiet. C'est complètement irrationnel.”
Sylvie FélixMaman de Tom
En attendant, face à une justice malaisienne kafkaïenne, les parents sont aujourd'hui désemparés : “on a halluciné parce que l'accusation n'a rien préparé. Au dernier moment, nos avocats ont eu les dernières photocopies en couleur. Idem pour la liste des témoins.”
L’avocat malaisien de Tom a confirmé à l’AFP que “le procès reprendra demain (mardi), avec le même témoin.” Ce procès était très attendu par la famille et les proches. Car depuis vingt-deux mois, Tom Félix clame son innocence dans cette affaire, mais sans parvenir à se faire entendre.
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Ancien cadre au sein du groupe Veolia, Tom Félix est diplômé en aquaculture et biologie marine. Le 9 août 2023, il a été arrêté alors qu'il était sur le point d’ouvrir un restaurant à Langkawi, une île au nord-ouest de la Malaisie.
Dans la maison où il était hébergé par son associé malaisien, la police avait découvert plusieurs centaines de grammes de cannabis dans les parties communes. La drogue appartenait à son colocataire, qui a lui-même reconnu les faits et innocenté Tom. La justice a tout de même décidé de son maintien en détention.
Dans une cellule avec 25 détenus
Tom Félix est incarcéré dans la prison de Perlis, où il vit dans des conditions de détention “difficiles”, partageant sa cellule, sans fenêtres, avec plusieurs codétenus. Tous, obligés de dormir à même le sol sans promenade autorisée. Tom a déjà contracté la gale et a souffert de plaies infectées.
“Il est enfermé depuis deux ans… Et enfermé psychologiquement. Il est dans une cellule de 25 détenus, avec des Birmans, des Thaïs, des Malais qui ne parlent pas bien anglais. Il ne peut échanger avec personne”, confiait Sylvie, à quelques semaines du procès
Un dossier repris au plus haut sommet de l'État. Les parents du jeune homme avaient été reçus le 30 mai dernier par Emmanuel Macron, en marge d’une visite officielle à Singapour. Mais depuis, ils n’ont plus de nouvelles : “le consul de France était présent avec nous au début du procès de Tom. Il a dit qu'il allait revenir jeudi et qu'il allait envoyer les informations directement à Paris” explique Jean-Luc Félix aux côtés de Sylvie. Tous deux prêts à soutenir et aider leur fils pendant ces quatre jours de procès qui s'annoncent éprouvants.
La possession et le trafic de drogue sont des crimes graves en Malaisie passibles de la peine de mort si les quantités dépassent un certain seuil. Les condamnations à mort ne sont toutefois plus obligatoires et aucune exécution n'a eu lieu en Malaisie depuis 2018.