Le lac de Pont, à Pont-et-Massène (Côte-d’Or), a atteint un niveau critique : 17,70 mètres. Ce seuil entraîne l’interdiction de la baignade. Une décision lourde de conséquences, et qui, selon des élus et habitants, aurait pu être évitée. De son côté, VNF, responsable du barrage en aval, assume ses choix
Le barrage de Pont-et-Massène (Côte-d’Or) est habituellement un lieu vivant. Familles, vacanciers et habitués s’y retrouvent pour profiter du calme, à quelques kilomètres de Semur-en-Auxois. Mais ce jeudi 31 juillet, l’ambiance est tout autre : le site sonne creux. Une seule femme tente de s’aventurer dans le lac, une autre s'allonge sur sa serviette... et c'est à peu près tout.
Et cette scène pourrait bien se répéter dans les semaines à venir. Le niveau du lac de Pont a atteint 17,70 mètres, un seuil critique à partir duquel la baignade est interdite. "Je pense qu’on aurait pu éviter cette situation cette année. Il y a eu des travaux en mars, et je crois qu’il y a eu un vrai manque de communication. En tout cas, de notre côté, on aimerait avoir des explications", déclare Patrick Roux, maire de la commune.
L’interdiction de baignade porte un coup dur à l’attractivité touristique de la commune. "Avec une baignade interdite, vous allez avoir des familles qui ne viendront pas. Automatiquement, le dynamisme de notre ville va en prendre un coup", déplore Patrick Roux, le maire. Un constat partagé par plusieurs habitants, qui pointent du doigt la gestion du barrage par Voies Navigables de France (VNF), responsable de l’ouvrage situé en aval du lac.
"Fin mars, le lac était plein. Et d’un seul coup, il y a eu un lâcher de 2 millions de mètres cubes d’eau, sur les 6 que contient le lac", explique Michel Baudot, vice-président de l’association Un Lac de Pont à la Hauteur. "Depuis, il n’a presque pas plu. On n’a jamais pu refaire le niveau. Ce qu’il fallait, c’est qu’il soit plein, et qu’on n’y touche pas. Si une crue survient en 24 heures, on peut toujours délester. On aurait ainsi évité une situation comme celle de 2024", ajoute-t-il.
La réponse de VNF
De son côté, Voies Navigables de France (VNF), par la voix de Nathalie Vincent, responsable du service territorial Bourgogne, assume ses choix. Elle affirme ne pas avoir eu d’autre option : "Des travaux ont été réalisés dans la commune de Semur, sur un mur effondré lors des crues de l’an dernier. Pour garantir la sécurité des ouvriers, qui intervenaient directement dans le lit de la rivière, il a fallu gérer le niveau d’eau de manière exceptionnelle", explique-t-elle. Semur-en-Auxois se situe en aval de la retenue d'eau, l'Armançon s'écoulant après le barrage de VNF.
Elle insiste : "Il fallait que le niveau soit le plus bas possible. Si on avait laissé monter l’eau, on ne pouvait pas assurer des conditions de sécurité suffisantes pour le chantier." VNF pointe également du doigt une météo peu favorable : le remplissage naturel du lac n’a pas suivi. Selon un rapport de Météo France, dans la région, les précipitations du printemps 2025 ont été déficitaires de 35 % par rapport à la moyenne observée entre 1991 et 2020.
En clair, il a plu bien moins que nécessaire pour que le lac de Pont atteigne son niveau optimal de 21 mètres, seuil qui lui aurait permis de tenir jusqu’à la fin du mois d’août. Pour VNF, cette conjonction d’événements justifie des mesures exceptionnelles. "On n’utilise même pas l’eau du lac pour alimenter le canal de Bourgogne, alors que c’est normalement son usage principal", souligne Nathalie Vincent.
Et la situation ne devrait pas s’améliorer dans l’immédiat. En cas de nouvelle vague de chaleur, le niveau du lac pourrait continuer de baisser dans les prochains jours, retardant encore le retour à la baignade.