Vill’Art La Karrière a annoncé le report du Freskival, son festival de street art devant se tenir dans l’ancienne carrière de Villars-Fontaine. Elle dénonce de la "censure" et des "menaces de fermeture" de la part de la mairie. De son côté, le maire présente une autre version des faits.
La situation de Vill’Art La Karrière ne semble pas près de s’améliorer. Ce lundi 18 août, l’association, qui organise des événements artistiques dans l’ancienne carrière de Villars-Fontaine (Côte-d’Or), a annoncé le report de son festival de street art, le Freskival, initialement prévu du 21 au 24 août.
"Refus du choix de l'artiste André"
Vill’Art met en cause les décisions du maire de la commune, Pierre Lignier, concernant la sélection des artistes invités. L’élu aurait fait savoir au président de l’association et à son conseil d’administration "son refus, en tant que maire de Villars-Fontaine, du choix de l’artiste André", un Suédois surtout connu pour son personnage récurrent, Monsieur A.
L’association dénonce une ingérence du maire. "Aucune disposition n’a jamais été prévue dans la convention d’occupation du site de la carrière pour permettre une quelconque intervention du maire dans le choix des artistes", précise-t-elle dans un communiqué. "Un audit avait demandé à ce que l’association s’émancipe et développe sa propre programmation artistique. Et là, deux mondes se sont entrechoqués", explique son président, Dominique Bruillot.
"Ce refus, c’est une énigme pour nous", poursuit-il. "On a pesé le pour et le contre et on s’est dit qu’organiser un festival avec une opposition aussi insensée, ce n’était pas possible."
Le maire dénonce "de nombreux problèmes administratifs et sécuritaires"
Contacté, le maire de la commune a tenu à préciser le contexte de sa décision. "Pour tous les festivals, nous lançons un appel d’offres, et une commission sélectionne deux ou trois dossiers parmi la soixantaine que nous recevons. En 2022, elle avait déjà refusé cette candidature. Je ne me voyais pas l’accepter deux ans plus tard, sans savoir ce que l’artiste allait proposer", nous explique Pierre Lignier par téléphone.
Face aux critiques suscitées par son opposition, le maire indique avoir adressé, les 16 et 18 août 2025, deux projets d’arrêtés de fermeture du site de la carrière, rendant impossible l’organisation matérielle du festival. Pierre Lignier invoque par ailleurs "de nombreux problèmes administratifs et sécuritaires" entourant l’événement.
Selon la mairie, Vill’Art n’aurait pas déposé les demandes d’autorisations et de déclarations nécessaires à l’organisation de la manifestation. L’association n’aurait pas non plus respecté la convention fixant les modalités de gestion de la carrière, ni réglé les loyers restants.
Une dernière réunion devait se tenir ce mardi 19 août entre le président de Vill’Art, son conseil d’administration et le maire de la commune afin de régler ces problématiques administratives et sécuritaires. "J’aurais accepté de régulariser la situation administrative plus tard", assure l’édile, avant d’ajouter : "Ils ont refusé et ont fait porter la responsabilité sur moi. Ce n’est pas très élégant."
Des regrets, et une vision plus lointaine ?
L’édile dit regretter la décision prise par l’association. De son côté, Vill’Art conclut son communiqué en soulignant : "Nous comprenons la déception que provoquera cette décision, auprès du public qui attendait impatiemment cet événement, des bénévoles qui ont sacrifié de leur temps pour son organisation, et des artistes."
Dominique Bruillot, président de l’association, préfère désormais se tourner vers l’avenir. Il espère que cette polémique - qu’il qualifie de "petite crise d’adolescence" - permettra de poser une question de fond : quel destin pour ce site ? "Il incarne une histoire profonde, un lieu d’expression culturelle, et il peut devenir une référence mondiale pour le street art."