L'EHPAD de cette commune obligé de fermer ses portes, l'incompréhension règne chez les salariés, "tout notre travail s'évapore"

La cour administrative d’appel de Lyon a ordonné, le 24 juin dernier, la fermeture de l’EHPAD de Saint-Agnan, dans le Nord de l’Yonne, mettant un terme à un feuilleton judiciaire entamé en 2022. Si les premiers résidents ont déjà quitté les lieux, l’incompréhension domine chez les salariés.

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Marine Joly et Laurette Colas, deux infirmières salariées de l’EHPAD de Saint-Agnan, dans le Nord de l’Yonne, déambulent dans les couloirs de l’établissement qu’elles ont rejoint il y a un an. Habituellement animés, ces couloirs sont aujourd’hui déserts. Elles poussent la porte d’une chambre, et tombent sur une scène qui évoque davantage un bâtiment abandonné qu’un lieu de vie : la pièce a été entièrement vidée des objets personnels d'une pensionnaire.

"Elle est vide depuis quinze jours. La dame était chez nous depuis deux mois et son départ a été très compliqué", confie l’une d’elles à sa collègue. "Elle pensait finir ses jours ici. Donc voir cette chambre vide, c’est difficile", ajoute-t-elle quelques instants plus tard. Et ce n’est pas un cas isolé. Depuis une dizaine de jours, les départs de résidents se multiplient.

Marine et Laurette devant un lit vide © Rodolphe Augier - France 3 Bourgogne

Le groupe Bridge, propriétaire de l’établissement, a préféré anticiper la fermeture de l’EHPAD, ordonnée par la justice. Le 24 juin dernier, la cour administrative d’appel de Lyon a exigé l’arrêt définitif de l’activité de l’EHPAD de Saint-Agnan, à la suite d’une affaire remontant à deux ans. En mai 2022, l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté avait suspendu "en urgence" les activités de l’établissement, pointant de "graves dysfonctionnements."

Manque de personnel, surpopulation, dénutrition de certains résidents… La liste des manquements était longue. Quelques mois plus tard, en décembre 2022, l’ARS prononce cette fois une suspension définitive de l’activité. Pour beaucoup, la fermeture de l’EHPAD semble alors inévitable. Mais contre toute attente, un premier rebondissement intervient moins d’un an plus tard : saisi par la direction de l’établissement, le Conseil d’État suspend la décision de l’ARS.

Une décision incomprise par direction et salariés

Les résidents font alors leur retour dans l’établissement. Depuis, plus rien ne laissait présager une fermeture imminente, ni du côté de la direction, ni du personnel. Tous estiment avoir accompli de réels progrès. "Le Flore de 2022 n’est pas le même que celui de 2025", affirme Delphine Mainguy, directrice du groupe Bridge. "Je vois clairement qu’il y a eu de vraies améliorations. D’ailleurs, une visite conjointe de l’ARS et du conseil départemental a eu lieu fin janvier, et ils ont eux-mêmes pu constater les progrès."

La décision rendue par la cour administrative d’appel de Lyon, saisie par l’ARS après un arrêt favorable à l’EHPAD de la cour administrative d’appel de Dijon, est donc incomprise par la direction. "C’est une aberration, c’est ubuesque. Aujourd’hui, l’établissement fonctionne bien", s’indigne Delphine Mainguy. Un sentiment partagé par les douze salariés encore en poste, tous embauchés en CDI, qui peinent à comprendre cette issue brutale.

Les quelques résidents encore présents dans l'établissement © Rodolphe Augier - France 3 Bourgogne

"Le sentiment qui prédomine, c’est l’injustice, l’incompréhension. Tout notre travail s’évapore, et on n’a pas de réponses. On ne comprend pas, clairement, on ne comprend pas", confie Laurette, infirmière dans l’établissement. Face à cette décision, la direction a décidé de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. Mais sans grand espoir. Une nouvelle réouverture paraît peu probable.

De son côté, l’ARS ne s’est pas exprimée sur le fond du dossier. L’agence indique toutefois suivre de près la situation, notamment en ce qui concerne "le transfert des résidents, qui, sous la responsabilité du groupe, doit s’exercer en toute condition de sécurité (…)" ainsi que "la situation des personnels, avec une évaluation et un soutien individualisé pour chaque cas."

► avec Alexis Gaucher et Rodolphe Augier

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