Une campagne de fouilles de grande ampleur commence le 26 mai prochain dans les bois de Rouvray, où Emile Louis a enterré plusieurs de ses victimes.
50 ans après, que reste-t-il d'une scène de crime ? Souvent, bien peu de choses. Mais parfois, les preuves subsistent. C'est ainsi qu'en 2018, des chasseurs découvrent un fragment de crâne humain dans les bois de Rouvray qui bordent la rivière du Serein, lieu surnommé le "cimetière d'Emile Louis". En 2023, ce crâne est identifié comme étant celui de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, une mère de famille à la vie difficile, disparue dans les années 70.
En octobre 2024, une première campagne de fouilles est organisée dans les bois de Rouvray. Des objets apparentés aux années 70 sont retrouvés : "des emballages, des objets de la vie courante, une boîte de médicaments, des récipients, des pièces de textiles intéressantes", explique alors le procureur.
"Nous allons mobiliser de très gros moyens" à partir du 26 mai
Ce 20 mai, on apprend qu'une seconde campagne de fouilles est sur le point d'avoir lieu, indique l'Yonne Républicaine. Contacté, le procureur d'Auxerre Hugues de Phily confirme que ces fouilles débuteront le 26 mai 2025 sur un autre secteur du bois de Rouvray, et précise : "Nous allons mobiliser de très gros moyens."
Parmi les experts mandatés : des spécialistes en anthropologie et en archéologie, ainsi que des militaires l'armée de terre. "L'année dernière, le génie avait fourni du matériel habituellement utilisé pour les opérations extérieures, pour identifier les charniers", indique le procureur. De nombreux gendarmes du groupement de l'Yonne seront aussi mobilisés.
Comme en 2024, cette campagne de fouilles bénéficiera du soutien de l'IRCGN (institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) "avec un traitement accéléré des objets fournis", précise le procureur. Des engins de chantier, type pelleteuse, seront également utilisés.
"Des témoignages sont arrivés de façon parfois inattendue"
L'objectif de cette fouille : mettre au jour de nouvelles preuves dans l'affaire Marie-Jeanne Ambroisine Coussin. De son vivant, le "boucher de l'Yonne" n'a jamais été inquiété pour la disparition de cette femme, mais l'emplacement de la découverte et l'itinéraire de vie de la disparue font converger les soupçons sur le tueur en série. "C'est cohérent avec la piste Emile Louis", reconnaît Hugues de Phily.
À l'automne 2024, de nouveaux témoins s'étaient manifestés auprès des enquêteurs. Certains avaient conseillé de fouiller d'autres zones du bois de Rouvray. La fouille de mai 2025 est-elle basée sur ces témoignages ? Quels éléments précis ont été fournis par ces témoins ? Le parquet n'en dit pas davantage, mais confirme : "Les fouilles précédentes ont fait que certaines personnes nous ont sollicitées. Des témoignages sont arrivés de façon parfois inattendue, et ils ont tous été entendus."
Mort en prison en 2013, Emile Louis a officiellement été reconnu coupable de sept assassinats. Marie-Jeanne Ambroisine Coussin ne fait pas partie de cette liste, et est aujourd'hui considérée comme sa "huitième victime". Seuls deux corps ont été retrouvés dans les bois de Rouvray : ceux de Jacqueline Weiss (disparue en 1977) et de Madeleine Dejust (disparue trois mois plus tard). Cinq jeunes femmes restent portées disparues. Les nouvelles fouilles du "cimetière" permettront peut-être de retrouver leur trace.
Les cinq victimes d'Emile Louis dont le corps n'a pas été retrouvé :
- Françoise Lemoine, 27 ans, disparue en mars 1975
- Christine Marlot, 15 ans, disparue le 23 janvier 1977
- Chantal Gras, 18 ans, disparue le 21 avril 1977
- Bernadette Lemoine, 19 ans, disparue en mars 1978 (la soeur de Françoise Lemoine)
- Martine Renault, 16 ans, disparue en septembre 1979.
Condamné à la perpétuité en 2004, Emile Louis est mort en prison en 2013, à 79 ans.
